A Lens, Béthune, Arras et partout en France : les pharmacies appelées à fermer le 18 septembre

Actus. Un mouvement national de grève prévoit la fermeture massive des officines le 18 septembre, pour dénoncer une réforme jugée mortelle pour les petites pharmacies.

A Lens, Béthune, Arras et partout en France : les pharmacies appelées à fermer le 18 septembre
Une pharmacie à Loison-sous-Lens - Clément Demazure

Les revendications n'ont pas changées. Le 18 septembre prochain, une large majorité de pharmacies du Pas-de-Calais baisseront le rideau. À l’appel des syndicats, les officines entendent dénoncer une décision gouvernementale qui menace directement l’équilibre économique des plus petites structures. Le mouvement devrait être très suivi, comme lors du 16 août dernier.

« Depuis plusieurs mois, le gouvernement a décidé de réduire la remise maximale accordée sur les médicaments génériques », explique Éric Bot, pharmacien à Loison-sous-Lens et président par intérim de l’USPO 62. « Officiellement, c’est pour faire des économies, mais dans les faits, cette baisse profitera surtout aux industriels et pas à l’État. Pour nous, c’est dramatique, car les génériques représentent une grande part de la rentabilité de nos pharmacies. »

C’est un arrêté publié en plein mois d’août, réduisant progressivement les remises commerciales que les pharmaciens peuvent obtenir auprès des laboratoires sur les médicaments génériques, qui a mis le feu aux poudres. Ces remises, auparavant fixées jusqu’à 40 %, sont plafonnées à 30 % depuis le 1er septembre. Elles passeront à 25 % en 2026, puis à 20 % en 2027.

Les petites pharmacies en première ligne

Selon lui, les officines de quartier ou de campagne sont les plus fragilisées. « Les grosses pharmacies de ville, qui diversifient leur activité avec la parapharmacie ou qui bénéficient d’une forte clientèle, pourront encaisser. Mais les petites, comme la mienne, vont rapidement basculer dans le déficit. Les grosses maigriront, les petites mourront. »

À cela s’ajoute une autre inquiétude : le prix des médicaments. « On s’attaque aux boîtes qui coûtent 2, 5 ou 10 euros, alors que certains traitements sont vendus plusieurs milliers d’euros, parfois jusqu’à 50 000 euros. Les vraies économies devraient se faire là, pas sur les médicaments du quotidien. »

Un sentiment d’abandon

Autre sujet de colère : la rémunération liée aux nouveaux actes de santé. « Lorsqu’un pharmacien vaccine un patient ou délivre un kit colorectal, le médecin touche 5 euros, simplement pour la coordination, sans rien faire. Nous, notre travail est moins reconnu et moins rémunéré. C’est incompréhensible », déplore Éric Bot, qui dit avoir le sentiment d’être « abandonné » par rapport aux médecins.

Une mobilisation massive attendue

Le 18 septembre, environ 85 à 90 % des officines devraient être fermées par exemple, dans le lensois, selon le syndicat. « En campagne, ce sera très suivi, parce que ce sont les pharmacies les plus menacées. En ville, un peu moins, mais le mouvement sera fort », assure Éric Bot.

Si le pharmacien se réjouit d'un fort soutien de la population – « Les patients comprennent que sans rentabilité, les pharmacies ne peuvent pas survivre » – il regrette que cette journée de mobilisation coïncide avec la manifestation nationale des syndicats de salariés. « On a peur d’être noyés dans la masse. Mais nous avions choisi cette date bien avant, il fallait tenir notre calendrier. »

Un appel au futur ministre de la Santé

Alors qu’un nouveau gouvernement est en cours de formation, Éric Bot espère que les pharmaciens seront enfin entendus : « Ce décret peut être retiré, mais encore faut-il qu’un vrai ministre de la Santé se saisisse du dossier. Aujourd’hui, on a l’impression que les décisions sont prises par des technocrates, loin du terrain. Qu’ils viennent dans une petite pharmacie de campagne, et ils verront la réalité. »

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