Depuis dimanche 14 décembre, le Racing Club de Lens a officiellement acquis la propriété du stade Bollaert-Delelis. L’antre des Sang et Or était jusque-là gérée par la Ville de Lens. Le club artésien fait désormais partie des rares clubs de Ligue 1 à posséder leur stade. Reste désormais à en faire bon usage.
Un coup d’avance ?
Le RC Lens devient officiellement le troisième club de Ligue 1 à acquérir son stade. Un objectif rempli qui vise en partie à « maximiser nos revenus commerciaux », souligne le président Joseph Oughourlian. Les revenus commerciaux s’entendent au sens large. « Ce n’est pas seulement la billetterie, mais aussi les ventes de maillots, le sponsoring. Et à ce titre, je pense que depuis que j’ai repris le club, on a multiplié par quatre nos revenus commerciaux. Le passage en Ligue 1 a beaucoup aidé, le passage en Ligue des champions aussi. Et là, on arrive à un moment où, pour aller au stade d’après, il faut faire quelque chose de plus. Il faut investir un peu sur notre infrastructure. Donc effectivement, il faut qu’on aille un peu plus loin. On a des plans sur les développements autour du stade. On a aussi des plans sur des développements liés au stade. » Des choses qui seront dévoilées en temps et en heure.
Un projet structurant comme la Gaillette-Gervais Martel ?
« Oui, je pense qu’on peut faire le parallèle entre les deux », estime Joseph Oughourlian. « L’idée, c’est de s’inscrire dans le long terme. L’achat du stade aujourd’hui ne va pas nous ramener plus de revenus l’an prochain. Au contraire, ça va peut-être même demander encore plus de ressources au club, puisque ça va nous amener à nous poser des questions sur des investissements, aux alentours du stade et dans le stade. Mais ce qu’on espère, c’est qu’à terme, ces investissements, à leur tour, apporteront plus de revenus, plus de places, plus de trafic vers le stade avant et après les matches, voire même les jours où il n’y a pas de match. Un peu comme Gervais Martel, à l’époque où il a fait la Gaillette : il se projetait dans le futur. Il avait mis un peu d’argent de côté de la Ligue des champions et il avait eu cette idée déjà assez visionnaire à l’époque, parce qu’il n’y avait pas beaucoup de clubs qui faisaient leur propre académie. Maintenant, c’est monnaie courante. »
Bollaert-Delelis rebaptisé un jour ?
C’est une crainte chez certains supporters et observateurs, attachés à l’identité du Racing et du stade. Mais à ce sujet, le président lensois se veut rassurant : « Ça coûterait vraiment très cher au club de vouloir s’amuser, si je puis dire, à changer le nom du stade. Donc ce que je suis prêt à annoncer aujourd’hui, c’est que le club est prêt à revoir ses statuts et à inscrire le fait que le nom du stade ne puisse pas changer. Après tout, le club vient d’acquérir le stade. On pourrait donc aménager nos statuts et y introduire une clause qui dirait que, statutairement, le club s’engage à ne pas changer le naming. J’espère qu’avec ça, les locaux seront satisfaits du fait qu’on n’a vraiment aucune intention de changer le naming du stade. »
27 millions d’euros, net !
La somme qui revient à la Ville s’élève à 27 millions d’euros. Le maire de Lens, Sylvain Robert, détaille : « Il y a d’autres clauses qui font qu’on a cette décote qui avait été annoncée, dont notamment la question du naming. Et après, les annonces qui ont déjà été faites restent les mêmes que celles du mois de mai, lors du conseil municipal. C’est-à-dire que derrière, on s’engage sur les évolutions de nos projets. Mais vous permettrez de ne pas y revenir en étant dans une période préélectorale. C’est un peu compliqué aussi là-dessus. Mais ça reste les mêmes engagements que ceux pris et présentés au mois de mai. »
Quels projets ?
Récemment, le Racing a inauguré la Galerie à Bollaert-Delelis. Parmi les projets, ou en tout cas les sujets qui reviennent régulièrement sur la table, figure l’augmentation de la capacité d’accueil du stade. « Oui, je pense qu’on a de toute façon dans l’idée d’augmenter le nombre de places, et notamment les places qui rapportent le plus commercialement, c’est-à-dire les places VIP. C’est dans les cartons », assure Joseph Oughourlian. « On a envie d’avoir plus de places, notamment plus de places VIP. Et puis après, je pense que ce n’est un secret pour personne : on travaille sur une zone à proximité du stade, où l’on ferait venir un certain nombre de choses. Ce qui nous intéresse, c’est davantage le côté mémoriel. Presque créer une allée menant au stade, où il y aurait des éléments symboliques, comme cette lampe magnifique réalisée par le lycée Henri-Senez de Hénin-Beaumont. »
Être propriétaire de son stade, un argument de plus pour les futures tractations ?
« Je pense qu’effectivement, le rachat du stade rend le club, d’un point de vue investissement, encore plus attractif. Malheureusement, cela fait cinq ans que je cherche des gens avec qui m’allier ! » glisse le président. « Il y a eu beaucoup de personnes qui se sont manifestées, mais je suis très attentif à choisir les bons partenaires. Ce n’est pas évident de trouver des gens qui viennent s’inscrire en minoritaire. Et c’est important pour moi que ce soient des personnes qui respectent l’histoire et les valeurs du club. Je ne veux pas entrer dans une situation de changement de contrôle, ni dans une logique de hiérarchie ou de subordination avec un autre club en Europe, comme on en voit désormais en Ligue 1 et ailleurs. Je pense que l’achat du stade nous aide. Malheureusement, la situation dramatique des droits du football nous a fait beaucoup de mal. L’effondrement des droits sportifs en France fait que les investisseurs regardent à deux fois avant de se lancer sur un club français. »
Propos recueillis par Eloïse De Mester à Bollaert-Delelis.
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