Transports gratuits en 2026 : pour l'agglo Béthune-Bruay « on subit une décision sans service supplémentaire »

Actus. Dès janvier 2026, les transports en commun seront gratuits dans le bassin minier. Une décision que l’agglomération Béthune-Bruay accueille avec réserve, dénonçant un manque d’équité entre les communes.

Transports gratuits en 2026 : pour l'agglo Béthune-Bruay « on subit une décision sans service supplémentaire »
Des bus du réseau TADAO - Tadao

Dès le 1er janvier 2026, les transports en commun seront entièrement gratuits sur le territoire de Lens-Liévin, Hénin-Carvin et Béthune-Bruay, dans le cadre d’une décision portée par le syndicat mixte Artois Mobilités. Mais du côté de Béthune-Bruay, le président de l’agglomération, Olivier Gacquerre, fait, depuis l’ouverture de dossier, entendre une voix dissonante.

« Le sujet pour nous, ce n’est pas la gratuité, c’est l’offre de services », insiste-t-il.

« Rendre gratuit quelque chose qui n’existe pas »

Si dans certaines communes comme Béthune, le réseau de bus TADAO existe et fonctionne, le président de l’agglomération explique que ce n’est pas le cas partout dans l’agglomération. « Pour ceux qui n’ont pas de services, rendre gratuit quelque chose qui n’existe pas, ça n’a pas beaucoup de sens », déplore Olivier Gacquerre.

Selon lui, une partie du territoire souffre encore d’un manque réel de mobilité, en particulier dans les zones rurales, peu desservies par les lignes de bus traditionnelles.

« On n’a pas forcément besoin de grands bus, car on n’a pas la fréquentation. Ce qu’on demande depuis longtemps, c’est du transport à la demande. »

Une facture salée

La gratuité ne viendra pas sans coût. L’agglomération Béthune-Bruay devra verser 4,2 millions d’euros supplémentaires par an. « On parle de gratuité mais ce n’est pas gratuit. Quelqu’un paie, et ce quelqu’un, c’est le contribuable. » Un impact qui devra être pris en compte dans le prochain budget 2026 qui doit être voté le 16 décembre prochain. 

« Ce sont les contribuables qui vont devoir mettre la main à la poche pour financer ce surcoût. On pourrait dire qu'au lieu que ce soit les usagers, donc une certaine partie des utilisateurs, c'est l'ensemble des contribuables, qu'ils prennent ou non le bus, qui vont le financer au final. » dénonce Hervé Deroubaix, vice-président en charge des finances.

Olivier Gacquerre s’inquiète aussi de l'impact pour les entreprises : « Le versement mobilité est payé par toutes les entreprises de plus de 9 salariés. Même les mairies payent. Or, certains employeurs paient sans qu’aucun transport ne soit proposé à leurs salariés. »

Face aux carences du réseau traditionnel, l’agglomération explique avoir mis en place une initiative locale : " Pouce & Go", un système de transport solidaire en milieu rural, reposant sur des chauffeurs bénévoles. « L’objectif est de redonner une liberté de déplacement à ceux qui n’ont pas de véhicule. »

Par ailleurs, la CABBALR explique que des tarifs sociaux à 50 euros par an sont proposés, souvent pris en charge par les CCAS. Pour Olivier Gacquerre, « le prix n’était pas un frein » pour les usagers modestes.

Sortir du syndicat mixte des transports ?

Malgré ses réticences, l’agglomération intégrera la gratuité dès janvier 2026, mais sans grand enthousiasme. « Je ne sais pas si on peut dire qu’on la subit, mais en tout cas, on va devoir l’intégrer. » Une évaluation du dispositif est prévue tout au long de l’année 2026. En cas de résultats insatisfaisants, l’agglomération n’exclut aucune option, y compris la création d’un réseau de transport propre. « On appartient à un syndicat. Mais si les résultats ne sont pas au rendez-vous, on regardera ce qu’il convient de faire. Nous ne nous interdisons rien. »

« L’intérêt général comme seule boussole »

Pour Olivier Gacquerre, la question de l’équité territoriale est centrale : « Notre engagement, c’est d’offrir le même service au même tarif pour chacun des 280 000 habitants. Il ne faut pas créer d’opposition entre le rural et l’urbain. »

Il conclut : « Il n’y a rien de gratuit dans la vie. La gratuité des transports ne doit pas devenir une injustice fiscale déguisée. »

Face à ces critiques, Artois Mobilités, nous assure que « le financement est maîtrisé et l’offre déjà renforcée. »

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