Gratuité des transports : comment le réseau Tadao se prépare à cette « révolution » ?

Actus. À partir du 1er janvier, tous les bus du réseau Tadao deviendront gratuits. Une mesure portée par Artois Mobilités, qui promet de bouleverser les habitudes de transport dans les trois agglomérations.

Gratuité des transports : comment le réseau Tadao se prépare à cette « révolution » ?
Des bus TADAO au dépôt de Grenay - Clément Demazure

« Une petite révolution ! » À partir du 1er janvier, les habitants des trois agglomérations de Lens-Liévin, Hénin-Carvin et Béthune-Bruay pourront monter dans les bus TADAO sans ticket ni abonnement. Une décision politique, fruit d'un long processus, portée par Artois Mobilités, le syndicat mixte des transports, qui veut rendre les transports publics accessibles à tous et renforcer l’attractivité du territoire.

Une mesure votée… mais pas unanimement

Le principe de la gratuité a été adopté à une large majorité, mais pas sans réserve. (14 voix pour / 7 voix contre) Si les élus des agglomérations de Lens-Liévin et Hénin-Carvin ont largement soutenu la mesure, le président de la CABBALR (Béthune-Bruay), Olivier Gacquerre, et plusieurs élus de son agglomération ont voté contre.
Ils estimaient notamment qu’il fallait d’abord améliorer le réseau, notamment dans les communes rurales, avant d’envisager la gratuité totale.

Pour autant, l'agglomération devra appliquer la mesure dès le 1er janvier 2026, comme les autres. « Il y a eu un consensus politique quasi total, mais pas complet, » admet Laurent Duporge, président d’Artois Mobilités. « La CABBALR a exprimé des réserves, mais cela ne remet pas en cause la mise en œuvre sereine du dispositif. »

« Une volonté de rendre la mobilité accessible à tous »

Laurent Duporge se veut confiant : « Nous mettons la gratuité en place dès le 1er janvier. Qui dit gratuité, dit forcément afflux de voyageurs. C’est pourquoi 20 bus supplémentaires ont déjà été achetés pour renforcer le parc existant. »
Inspirée du modèle dunkerquois, la démarche vise à faire du transport collectif un levier écologique et social sur un territoire de 650 000 habitants, mêlant zones urbaines et rurales. Ce sera, d'ailleurs, le premier réseau de transport gratuit en France avec 650 000 habitants et 1000 km2.

Pour quel coût ?

Le passage à la gratuité entraîne un manque à gagner estimé à 6,4 millions d’euros par an. Cette somme correspond aux recettes issues de la billetterie, des amendes et des frais de dossier liés aux abonnements scolaires. Mais il faudra aussi tenir compte des 10 millions d’euros d’investissements nécessaires pour renforcer et enrichir l’offre de transport.

En 2026, la participation financière des trois agglomérations membres d’Artois Mobilités augmentera significativement : elle passera de 18 à 28 millions d’euros.
La plus grosse contribution reviendra à l’agglomération de Béthune-Bruay, avec 11,5 millions d’euros contre 7,4 millions en 2025. Suivront Lens-Liévin avec 9,6 millions (contre 6,1 millions) et Hénin-Carvin avec 6,8 millions (contre 4,3 millions).

La principale ressource d’Artois Mobilités reste toutefois le versement mobilité, payé par les entreprises du territoire.
Un levier déjà exploité au maximum, selon Laurent Duporge : « On est déjà au maximum du possible. »

Des premiers résultats encourageants à Hénin-Carvin

À Hénin-Carvin, où la gratuité partielle existe déjà, le succès est au rendez-vous. « Nous observons entre 25 et 30 % d’augmentation de la fréquentation, » se réjouit Christophe Pilch, président de l’agglomération. Pour lui, l’enjeu dépasse la mobilité : « C’est un gain de pouvoir d’achat, moins de pollution, moins de bruit. La gratuité, c’est une transition écologique concrète. »

TADAO prêt à absorber l’afflux de voyageurs

Du côté de TADAO, la préparation s’intensifie. « Une vingtaine de bus biocarburants ont été achetés et de nouveaux conducteurs recrutés. Nous avons anticipé les horaires sous tension pour éviter la saturation, » détaille Fabrice Sirop, directeur général d’Artois Mobilités.

Les métiers évoluent aussi : les contrôleurs deviendront médiateurs, les agents d’accueil se consacreront davantage à l’information et à la sécurité. « C’est une transformation, pas une suppression d’emploi, » souligne-t-il.

Des discussions sont actuellement en cours avec la Région Hauts-de-France afin de pérenniser la gratuité partielle sur les TER grâce au dispositif Pass-Pass. L’objectif : permettre aux habitants du territoire de charger un abonnement gratuit sur leur carte, leur donnant un accès illimité aux sept lignes TER desservant le secteur. Ce dispositif sera réservé exclusivement aux résidents des 3 agglomérations.

Pour Laurent Duporge, l’objectif est clair : « La gratuité, ce n’est pas un luxe, c’est un outil de développement, d’attractivité et de solidarité. Nous voulons un réseau pour tous, sans barrière d’accès. » Malgré les divergences politiques, la gratuité des bus TADAO sera bien une réalité dès le 1er janvier 2026. Un pari collectif pour un territoire qui veut allier écologie, justice sociale et mobilité pour tous.

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