À Béthune, la maison médicale Pasteur manque de place pour accueillir de nouveaux médecins

Actus. Alors que le territoire manque de médecins, certains veulent s’installer à Béthune… mais n’en trouvent pas la place. À la Maison Médicale Pasteur, l’espace vient à manquer.

À Béthune, la maison médicale Pasteur manque de place pour accueillir de nouveaux médecins
La maison médicale Pasteur à Béthune - Clément Demazure

Alors que la demande de soins est importante dans l’Artois, dans le Béthunois, la Maison Médicale Pasteur, l’une des plus anciennes et plus importantes de la région, se retrouve face à une impasse : le manque d’espace. Une situation paradoxale dans un contexte de désertification médicale.

« On est victimes de notre succès », résume avec un mélange de fierté et de frustration le Dr Antoine Vermeesch. Médecin généraliste et gérant de la Maison Médicale Pasteur à Béthune, il dirige une équipe de 18 professionnels de santé. Créée en 1971, la structure est l’une des premières maisons médicales du Nord de la France. « Actuellement, on est l'une des plus grosses maisons médicales au nord de Paris », ajoute-t-il. Mais derrière cette réussite se cache une réalité plus amère : le bâtiment ne permet plus aujourd'hui d’accueillir de nouveaux praticiens.

Un manque de place qui freine les installations

Trois jeunes médecins souhaitent s’installer dans les deux années à venir. Mais faute de place, ils risquent de retourner à Lille, là où ils ont effectué leurs études et où les locaux ne manquent pas.

« Notre bâtiment est trop petit. Il ne peut pas être agrandi, ni en largeur ni en hauteur. Donc on n’a pas d’autre choix que de nous délocaliser », explique le Dr Vermeesch.

Depuis plusieurs mois, un appel a été lancé auprès de différents acteurs pour trouver un bâtiment d’environ 1 000 m², idéalement sur une parcelle de 3 000 m². L’objectif : créer une vingtaine de bureaux et accueillir de nouveaux professionnels dans de bonnes conditions.

Des patients laissés sans solution

La saturation du cabinet n’a pas seulement un impact sur les jeunes médecins : les patients eux-mêmes se heurtent à une offre de soins limitée. « Nos secrétaires reçoivent 15 à 20 appels par jour de patients complètement désespérés. Leur médecin est parti à la retraite, ou en arrêt. Ils viennent d’arriver dans le Béthunois et ne trouvent pas de médecin traitant. On ne peut plus les prendre. »

La frustration est partagée. Pour les médecins déjà en poste, refuser des patients est une épreuve morale, d’autant plus que la demande est croissante dans un territoire en tension.

« Ce que j’ai trouvé ici, c’est une équipe »

Du côté des futurs médecins, l’envie d’exercer différemment se fait sentir. Alice Delerue, interne en fin de cursus, témoigne de son expérience au sein de la Maison Médicale Pasteur : « Ce que j’ai trouvé ici, c’est une équipe. Je ne me suis jamais sentie comme "juste une étudiante". Il y a un vrai partage de connaissances, une entraide constante. »

Etudiante et vivant à Lille mais originaire de Béthune, Alice aimerait s’installer définitivement au sein du centre. Mais sans perspectives concrètes d’accueil, l’idée d’un retour sur la métropole lilloise gagne du terrain : « Si j’avais une opportunité équivalente plus proche de chez moi [à Lille], je la prendrais. Je fais aujourd’hui 45 minutes de route par jour parce que c’est un coup de cœur ici. » Elle y effectue actuellement des remplacements.

Une structure privée à la recherche de solution

Si l’agglomération a été sollicitée, la Maison Médicale Pasteur reste une structure privée. Elle ne peut donc bénéficier ni d’aides financières publiques ni de subventions pour un projet immobilier. « L’agglo est à notre écoute, mais ne peut pas faire plus pour l’instant. »

Cela fait maintenant plus de deux ans que l’équipe cherche une solution. Un projet d’extension avait été envisagé avec un architecte, mais s’est révélé infaisable il y a quelques mois. Depuis la rentrée, les professionnels sont repartis en quête d’un nouveau lieu, que ce soit à Béthune ou ailleurs dans le territoire.

Un enjeu de territoire

Ce blocage, au-delà d’un simple problème logistique, est un enjeu territorial. La non-installation de trois médecins généralistes représente un manque d’accès aux soins pour près de 4 000 patients. « Trois médecins, c’est environ 3 900 patients qui pourraient être pris en charge dans le Béthunois. C’est du concret », insiste le Dr Vermeesch.

Dans un contexte où l’on parle de désertification médicale, les structures attractives comme la Maison Médicale Pasteur sont précieuses. Alice Delerue le confirme : « Le cabinet isolé, seul dans son village, ce n’est plus ce qu’on recherche. Les jeunes médecins veulent travailler en équipe. »

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