Il y a un an et demi, le 12 février 2024, la commune de Steenbecque, près de Hazebrouck, était frappée par un drame qui a profondément marqué la région. Ce jour-là, un automobiliste a fauché quatre randonneurs âgés de 69 à 77 ans, tous décédés. Les familles, qui dénoncent la lenteur de la procédure, ont pris connaissance du rapport d’expertise du véhicule. Nous avons rencontré Maître Antoine Régley, avocat des proches de trois des victimes.
Que révèle le rapport d’expertise ?
Il établit d’abord que la vitesse était légèrement dépassée : 58 km/h au lieu de 50, avec une marge d’erreur. Mais surtout, il confirme que le véhicule est allé tout droit, sans réaction du conducteur, avant de changer de trajectoire seulement lorsqu’il a heurté un trottoir, juste avant l’impact. Tout laisse penser que le prévenu s’est assoupi au volant.
Cela confirme donc la version du conducteur ?
Oui, mais attention : s’endormir n’est pas une excuse. Le conducteur savait qu’il était fatigué après une nuit de travail, et il a malgré tout pris le volant. En droit, c’est une imprudence qui caractérise l’homicide involontaire.
Quelle est la suite de la procédure ?
Normalement, la clôture de l’instruction. Certaines familles souhaitent encore être entendues, ce qui pourrait allonger les délais. Mais ce que je demande, c’est que l’instruction soit close et que le dossier soit renvoyé devant le tribunal correctionnel. Mes clients, dont certains sont très âgés, ont le droit à un procès et à une décision de justice.
Peut-on parler d’un soulagement pour les proches ?
Non, pas encore. Le soulagement viendra uniquement lorsque le tribunal correctionnel sera saisi et aura condamné le prévenu. Si l’instruction se clôt aujourd’hui, on peut espérer un procès dans l’année. Mais si ça traîne encore, certains risquent de ne jamais voir la justice rendue.
Demandez-vous une contre-expertise ?
Non. L’expertise est claire : aucune défaillance mécanique, un facteur humain avec une vitesse un peu au-dessus de la limite. Pour nous, les fautes sont caractérisées. Ce que nous attendons du prévenu, c’est qu’il assume, qu’il présente ses excuses et qu’il prenne en compte la douleur des familles.
Justement, comment les familles vivent-elles ce dossier ?
Elles ne comprennent pas que l’auteur de l’accident ait pu reprendre sa vie presque normalement. Son employeur lui a même payé un chauffeur pendant sa suspension de permis. Pour elles, c’est insupportable : elles ont perdu un proche, et lui paraît protégé.
Les familles réclament-elles une peine de prison ?
Celles que je représente non. Elles savent qu’il n’y avait ni alcool, ni stupéfiants, ni excès de vitesse important. Ce qu’elles veulent, c’est qu’il n’ait plus le droit de conduire, au moins pour plusieurs années. Pas de vengeance, simplement qu’il ne puisse plus tenir un volant.
Que demandez-vous aujourd’hui ?
De la rapidité et de l’efficacité. Ce dossier est simple, il doit être jugé vite. Rendre une décision trois ou quatre ans après les faits n’a pas de sens, et c’est favorable au prévenu. Les familles attendent une justice plus rapide et plus ferme.
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