Depuis le début de l’année 2025, 39 personnes ont été tuées sur les routes du Pas-de-Calais, contre 24 l’an passé à la même date. Une hausse qui inquiète les autorités locales, poussant la préfecture à réagir avec une campagne de sensibilisation : 12 500 sous-verres distribués dans 25 bars partenaires du département, arborant des messages de prévention contre l’alcool au volant. Une opération qui s'accompagne d’un renforcement des contrôles routiers, notamment liés à l’alcoolémie et aux stupéfiants.
« Quand on tient à quelqu’un, on le retient »
L’objectif de cette campagne est clair : marquer les esprits dans un contexte estival propice aux comportements à risque.
« Le contexte de l'été fait que nous avons un comportement festif culturel qui consiste souvent à boire de l'alcool, ce qui en soi n'est pas un problème. Il le devient quand on croise les autres usagers sur la route », explique Christian Védélago, directeur de cabinet du préfet du Pas-de-Calais.
D’un côté du sous-verre, un message fort : « Un vrai pote, c'est celui qui propose son canapé après une soirée arrosée. » De l’autre, une mise au point sur les préjugés liés à l’alcool : une bière à 5°, un verre de vin ou un whisky contiennent la même dose d’alcool. La consommation "maison", elle, est souvent largement supérieure aux doses servies en bar.
« Trois verres, c’est trop. Et dès le premier, nos capacités à conduire sont altérées », insiste Christian Védélago.
Une campagne de prévention... mais aussi de répression
Si la sensibilisation est au cœur de la stratégie, la répression reste un levier indispensable, comme le rappelle le colonel Thierry Balon, commandant en second de la gendarmerie départementale : « Nous sommes très sensibles aux infractions graves génératrices d'accidents : excès de vitesse, alcool, stupéfiants, refus de priorité... L’activité de sécurité routière est en hausse de 13 % cette année chez nous, avec + 60 % de dépistages pour les stupéfiants et + 20 % pour l’alcool. »
Des contrôles plus nombreux, ciblés sur les périodes à risque, sont réalisées : retours de boîtes de nuit, week-ends, axes accidentogènes. Dans le département, 95 % des accidents mortels sont liés à l’alcool, à la vitesse ou à l’inattention.
« L’alcool arrive dans le top 3 des facteurs d’accident, souvent en combinaison avec les drogues ou une conduite distraite », ajoute le colonel Balon.
Un nouveau délit
Depuis le 11 juillet, un nouveau délit d’homicide routier est entré en vigueur. Il vient sanctionner plus sévèrement les comportements comme la conduite en état d’ivresse ou sous l’emprise de stupéfiants.
« Jusqu’ici, un conducteur ivre qui tuait quelqu’un était poursuivi pour homicide involontaire. Mais consommer de l’alcool est un acte volontaire. Ce changement reconnaît enfin la gravité de ces actes pour les victimes », souligne Christian Védélago.
Des victimes toujours plus vulnérables
Sur les zones urbaines, la police constate une réalité tout aussi préoccupante : une baisse du nombre d’accidents, mais une hausse du nombre de tués. Sur 17 morts en zone police en 2025 (contre 9 en 2024), la moitié sont des piétons, des cyclistes ou des usagers de trottinettes.
« Ce sont des victimes vulnérables, loin des clichés du choc frontal entre deux véhicules », indique Stéphane Brunoni, commissaire divisionnaire et directeur adjoint de la police du Pas-de-Calais.
Dans les accidents mortels, la vitesse, l’alcool et les stupéfiants sont très souvent présents. Et parfois combinés.
« On est preneur de toutes les actions. Il n'y a pas de prévention sans répression, ni de répression sans prévention », insiste le commissaire.
La campagne des sous-verres s’inscrit dans une stratégie globale nous explique la préfecture. Ce support inhabituel, à hauteur de regard et de verre, pourrait bien interpeller au moment critique.
« Quand un policier se présente au domicile d'une victime pour annoncer le décès d'un proche, les statistiques n'ont plus aucun sens. Chaque vie sauvée justifie ce genre d’action », conclut Stéphane Brunoni.
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