Le Rassemblement national hausse le ton dans le Lensois. Le député de la 3ᵉ circonscription du Pas-de-Calais, Bruno Clavet, affirme être victime d’une « entrave grave » de la part des maires de la circonscription. « Cela fait plus d’un an et demi que je suis empêché, censuré, isolé, méprisé par les treize maires de ma circonscription, tous, ou presque, de gauche », dénonce-t-il.
L’élu a décidé de saisir la justice dans plusieurs affaires de ce type. Il a déposé une dizaine de recours contre des maires du territoire : « Ils veulent m'empêcher d'effectuer mes missions de parlementaire » explique-t-il.
Dernier épisode en date : un conflit avec la commune d'Estevelles. Pour la présentation de ses vœux, le député avait demandé à réserver la salle municipale. Refus de la maire, Martine Chwicko, qui invoque à la fois un manque de disponibilité et un arrêté interdisant les manifestations politiques.
Une décision suspendue par la justice
Bruno Clavet a saisi le tribunal administratif de Lille, qui a suspendu la décision de la mairie. La commune a été enjointe de proposer une date, ce qui a depuis été fait. « Nous sommes passés en mode offensif » explique le député RN. « La justice a reconnu qu’il y avait une discrimination politique. C’est une victoire pour la démocratie locale. »
L’élu dit avoir connu d’autres refus : participation interdite à certaines cérémonies, tribunes municipales censurées, voire menaces verbales lors d’événements publics. « Ces méthodes ne font pas honneur à la République. On voit bien que certains maires agissent dans la peur de voir le Rassemblement national s’implanter durablement dans le bassin minier. »
La maire d’Estevelles se défend
Contactée, Martine Chwicko rejette toute idée de censure. « Ce n’est pas que je ne voulais pas lui donner la salle » assure-t-elle. « Les deux dates demandées étaient déjà prises. Et j’avais fixé un règlement pour éviter les réunions politiques ou syndicales, simplement pour préserver la sérénité à Estevelles. »
L’élue, sans étiquette, dit vouloir avant tout « éviter les polémiques » : « Le juge m’a obligée à lui proposer une date, je m’y suis pliée. Personne n’est au-dessus des lois. Moi, je veux juste que ma commune retrouve du calme. »
L'élue dénonce, par ailleurs, une forme de « victimisation » de la part du député RN : « Moi je le vois, lors des réunions à la CALL il s'exprime librement. Tout cela permet de parler d'eux, ça permet de parler de son parti... mais le buzz ça n'apporte rien de bon. Je trouve que c'est faire beaucoup de bruit pour peu de choses. »
« Un sectarisme assumé », selon le RN
Le député Bruno Bilde, élu de la circonscription voisine, abonde : « Il n’est pas acceptable qu’un député comme Bruno Clavet soit empêché de s’exprimer. Le tribunal administratif a rappelé la loi. Ce genre de décisions relève d’un sectarisme assumé et d’une peur de notre progression. »
Pour le Rassemblement national, ces affaires traduisent une crispation des élus de gauche à l’approche des élections municipales de 2026. « La démocratie, c’est accepter la pluralité » conclut Bruno Clavet. « Nous continuerons à nous battre sur le terrain et devant les tribunaux pour la faire respecter. »
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