C’est un témoignage poignant que la rédaction d’HorizonActu a recueilli à l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. Un fléau qui touche 17 % des collégiens et des lycéens en France, selon un sondage Ifop publié ce mercredi.
Insultes, brimades et humiliations
Déborah, une auditrice de Rouvroy, a répondu à notre appel à témoins. Sa fille, Rose, aujourd’hui âgée de 13 ans, a été victime de harcèlement entre ses 4 et 11 ans, de la maternelle à l’école primaire à Bruay-la-Buissière, par les mêmes enfants.
Très émue en repensant à ce que sa petite fille a vécu, elle raconte : « Ça a été l’escalade en primaire. Il y a eu harcèlement physique, psychologique et verbal, avec un tas d’insultes. » La maman se souvient notamment de la rentrée en CE2 de Rose, particulièrement difficile : « À la première récréation, les enfants sont allés chercher des CM2 et ils ont déshabillé ma fille pour qu’on voie ses sous-vêtements. » Un épisode particulièrement traumatisant pour une fillette déjà très timide et renfermée sur elle-même.
À l’époque, Déborah prévient le directeur de l’école, mais rien n’est fait. Le dialogue avec les parents des enfants harceleurs, lui, ne donne rien. « Les parents étaient dans le déni et me disaient que ce n’étaient que des chamailleries d’enfants », se rappelle Déborah. Après des mois de lutte, elle se résout à changer Rose d’école. « Une fois qu’elle était partie, d’autres élèves ont été harcelés et les parents ont pris conscience de ce que ma fille avait vraiment subi. »
De graves conséquences psychologiques
Marquée par le rejet et le sentiment de ne pas être comme les autres, Rose devient anxieuse et développe une phobie scolaire. Souffre-douleur de ses camarades, la petite fille se ferme lorsque sa maman lui pose des questions et perçoit son mal-être. « Je me doutais que quelque chose n’allait pas à l’école. Quand une petite de 6 ans vous dit : “J’ai envie de mourir”, “J’en ai marre”, “Pourquoi je n’ai pas d’amis ? Je suis toute seule à la récré”, ça brise le cœur », confie Déborah.
À son arrivée au collège, l’immersion est difficile. Déscolarisée un temps à cause d’une phobie sociale, Rose est désormais en classe de 5e et suit un parcours au sein du micro-collège Jean-Zay de Lens, une structure unique dans l’académie de Lille qui accueille des élèves en décrochage, notamment à la suite d’un harcèlement.
Tentatives de suicide
Ce passé de harcelée, Rose le traîne comme un véritable boulet qui la handicape au quotidien et l’empêche d’être une adolescente épanouie, au point d’avoir fait plusieurs tentatives de suicide.
« Aujourd’hui, Rose est suivie par une super psychologue », nous confie Déborah, qui constate une amélioration depuis l’intégration de sa fille dans une petite classe adaptée à ses besoins. « Tous ses camarades et son professeur sont bienveillants avec elle. Malgré ça, elle craint encore le jugement des autres. Ça va prendre du temps. On essaie de surmonter ça. »
Attentive au comportement de sa fille, Déborah reconnaît se sentir démunie face à sa solitude. Combattive puis désabusée, elle exprime aujourd’hui sa colère contre l’Éducation nationale, qu’elle accuse d’avoir « laissé faire ». « Avec le recul, j’aurais dû porter plainte contre le directeur de l’établissement. C’est une chose que je regrette », conclut-elle, avec amertume.
Pour rappel, le numéro gratuit mis en place par le gouvernement pour signaler un cas de harcèlement scolaire est le 30 18.
A lire également :
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.