À l’occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, plusieurs établissements scolaire organisent des actions de sensibilisation. À Vendin-le-Vieil, au collège Bracke Desrousseaux, où était scolarisée Lindsay, 13 ans, décédée après avoir subi du harcèlement, élèves et acteurs associatifs rappellent qu’il reste encore beaucoup à faire.
« On pense souvent qu’on exagère »
Devant l'établissement, plusieurs élèves ont accepté de témoigner. Lovely, en troisième, raconte : « On en parle beaucoup avec les professeurs et les délégués. Après ce qu’il s’est passé, la surveillance a changé, certaines élèves ont été renvoyées. Ça nous a rassurés. »
Manon, elle aussi en troisième, évoque les outils mis en place : « Dans le collège, il y a des boîtes pour signaler anonymement si on est harcelé. C’est plus simple d’en parler comme ça. » Une autre élève qui préfère taire son nom nous confie avoir été victime, plus jeune : « En primaire, on m’insultait, on me frappait. Quand j’en ai parlé, on ne m’a pas crue. On pense souvent qu’on exagère. Mais c’est difficile de parler, parce qu’on a peur que ça empire. »
« Il faut que la parole de l’enfant soit écoutée »
Michel Bucamp, président et fondateur de l’association Les Souffre-Douleurs de l’école, basée à Liévin, lutte depuis 2017 contre le harcèlement scolaire. Son association conçoit des outils pédagogiques et des jeux pour les enseignants, les animateurs ou les éducateurs, afin de favoriser la discussion autour de ce sujet sensible.
« Nous recevons moins de messages qu’il y a quatre ans, signe que les établissements réagissent davantage, mais la violence augmente », constate-t-il. « Aujourd’hui, on parle de très jeunes enfants, parfois en primaire, qui ont déjà des idées noires. »
L’association reçoit chaque semaine des appels à l’aide de parents ou d’élèves désemparés. « Souvent, ils ont déjà alerté l’école, sans réponse. Nous les orientons vers le 30 18 (numéro national pour les victimes de harcèlement) ou les forces de l’ordre. Mais il faut aller plus vite. Quand un enfant parle, il faut agir immédiatement », insiste Michel Bucamp.
Pour lui, la journée nationale ne suffit pas : « On en parle un jour dans l’année, mais il faudrait y consacrer du temps chaque semaine, apprendre l’empathie, le respect d’autrui. »
Des moyens insuffisants
Le président déplore un manque criant de moyens financiers pour les associations : « Ici, dans le Pas-de-Calais, nous n’avons presque rien. Une subvention de 500 euros pour former nos bénévoles. Même les grandes associations peinent à imprimer des flyers. Il y a des belles paroles, mais pas d’actes. »
Il regrette également que les référents “phare” présents dans les établissements ne transmettent pas toujours les cas graves à la justice : « Le harcèlement est un délit. Il faut que les affaires les plus graves remontent au procureur. »
« Des enfants vont à l’école avec des couteaux »
Pour Michel Bucamp, le constat est alarmant : « Il y a moins d’empathie, plus de méchanceté, plus de violence. Certains enfants vont à l’école avec des couteaux, non pas pour attaquer, mais pour se protéger. » L’association plaide pour un travail de fond, dès le plus jeune âge : « Il faut apprendre le respect, la bienveillance, dès le primaire. C’est là que tout commence. »
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.