La tension monte encore d’un cran au centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil. Un mois après l’arrivée de près de 90 détenus, principalement des narcotrafiquants, dans le quartier de haute sécurité, les incidents se multiplient. Après avoir volontairement inondé leurs cellules ou encore avalé des piles, une très large majorité des prisonniers – environ 90 % selon le syndicat FO Justice – ont entamé, ce lundi 1 septembre, une grève de la faim.
Une action « symbolique »
Le syndicat confirme l’information relayée par les détenus eux-mêmes sur les réseaux sociaux via un communiqué. (ci-dessous)
Mais pour le représentant syndical, David Lacroix, ce mouvement relève davantage d’un coup de communication que d’une contestation en profondeur : « Même s’ils refusent les repas de l’administration, ces détenus disposent de nourriture achetée en cantine et stockée en cellule. C’est une action symbolique, destinée à mettre la pression. »
Des conditions de détention dénoncées… et contestées
Les prisonniers affirment protester contre leurs conditions de détention et, surtout, contre les conséquences pour leurs familles : distance pour les visites, restrictions téléphoniques, cadre très strict.
Une vision que David Lacroix relativise : « Ils dénoncent un régime dur pour leurs familles. Mais ils paient aussi les conséquences de leurs choix. Quand on décide d’embrasser une carrière dans le grand banditisme, il faut s’attendre à ce genre de conséquences. »
Paradoxalement, c’est Mohamed Amra, impliqué dans l’évasion sanglante d’Incarville en mai dernier, qui s’est autoproclamé porte-parole du mouvement. Une annonce qui surprend les surveillants. « Si aujourd’hui ces détenus sont regroupés ici, c’est en grande partie à cause de ce qu’il a perpétré », souligne le syndicaliste.
« Un vrai établissement étanche »
Depuis quelques jours, les détenus ont multiplié les incidents, notamment des inondations volontaires de coursives la nuit. En réponse, l’administration a coupé l’eau dans certaines cellules.
Malgré ces tensions, David Lacroix se veut rassurant sur la situation : « La journée, les relations se passent bien. Les surveillants sont expérimentés, ils savent gérer. Les détenus ont compris qu’ils ne pouvaient pas nous prendre à défaut. »
Pour le syndicat, la fermeté du régime appliqué à Vendin-le-Vieil marque une rupture : « Pour une fois, nous avons un vrai établissement pénitentiaire étanche, complètement coupé de l’extérieur. Ici, impossible de faire entrer des téléphones ou des armes par drones, comme on a pu le voir ailleurs. Quand il y a une volonté politique, on peut y arriver. »
En attente d’une réaction du ministre
Si les agents disent ne pas être inquiets, ils regrettent le silence du ministre de la justice, Gérald Darmanin. « Depuis le début du week-end, nous n’avons eu aucun message du ministre. Nous savons qu’il est à l’origine de ce quartier de haute sécurité, mais on espère qu’il s’exprimera rapidement », conclut David Lacroix.
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