Le mois de novembre marque le lancement du « Mois sans tabac », une opération qui vise à accompagner les fumeurs dans leur démarche d’arrêt. A Lens, il existe un centre de soins spécialisé en addictologie, Le Square. Le Docteur Théo Joseph est responsable de l’unité de tabacologie au centre hospitalier de Lens. Il nous rappelle que cette campagne constitue « un moment essentiel pour sensibiliser, mobiliser et accompagner les volontaires vers un sevrage durable ».
Une opération qui a déjà fait ses preuves
Depuis sa création en 2016, le « Mois sans tabac » a mobilisé près de 1,4 million de participants à travers le pays. « On observe une vraie efficacité » souligne le Dr Joseph. « Cette initiative a permis de doubler les tentatives d’arrêt du tabac. Et sur le plan global, on constate en France quatre millions de fumeurs quotidiens en moins en dix ans, grâce aux politiques publiques et à ces campagnes. »
Malgré cette tendance encourageante, le tabac reste la première cause de décès évitable en France, avec près de 75 000 morts par an. Dans la région Hauts-de-France, on constate selon une dernière étude de Santé publique France une baisse significative du nombre de fumeurs. « On est passés sous la moyenne nationale de 23 % de fumeurs réguliers, se réjouit le médecin. C’est encourageant, mais il reste beaucoup à faire. »

Des consultations très demandées à Lens
Au centre hospitalier de Lens, trois professionnels assurent des consultations de tabacologie. La demande ne faiblit pas, surtout à l’approche du mois de novembre. « Lorsqu’une personne vient consulter, on prend d’abord le temps d’évaluer sa consommation, son rapport à la cigarette » explique le Dr Joseph. « On ne s’attend pas à ce qu’elle arrête du jour au lendemain. L’arrêt est tout un processus. »
L’accompagnement repose ensuite sur un suivi personnalisé : patches, gommes, sprays ou comprimés de nicotine, selon les besoins. Le praticien recommande également l’usage de la cigarette électronique chez les fumeurs, mais évidemment pas chez les non-fumeurs : « Chez ceux qui ne fumaient pas, c’est clairement nocif. Chez les fumeurs, ça peut être un outil de transition, à condition d’utiliser un dosage adapté. »
Le « kit Mois sans tabac », un outil gratuit et efficace
Pour ceux qui se lancent dans l’aventure, Santé publique France met à disposition un kit gratuit disponible sur le site et l’application Mois sans tabac. « Il contient un calendrier jour par jour, des conseils pratiques et la possibilité d’un coaching téléphonique via le 39 89. Ces outils sont précieux pour garder la motivation. » détaille le Dr Joseph.
Et les bénéfices sur la santé sont bien visibles : « meilleure respiration, goût retrouvé, sommeil amélioré dès la première semaine, et baisse du risque cardiovasculaire dès le premier mois. »
Jeunes et soignants : deux publics clés
Cette année, le mois sans tabac à Lens s’adresse aussi à deux publics prioritaires : les jeunes et les soignants.
Dans les collèges, lycées et facultés, les équipes de tabacologie mènent des actions de sensibilisation. « On ne stigmatise pas, on informe. Chez les adolescents, il s’agit souvent de prévenir l’entrée dans le tabagisme. Chez les étudiants, c’est parfois déjà une question d’arrêt », précise le médecin.
Mais la prévention passe aussi par les professionnels de santé eux-mêmes. « C’est notre premier axe » confie le Dr Joseph. « Il reste beaucoup de soignants fumeurs. Il faut casser l’idée que fumer est “normal” dans nos métiers. Nous devons donner l’exemple et accompagner nos collègues dans le sevrage. »
« Miser sur la qualité de vie » plutôt que sur la hausse des prix
Si les mesures – paquet neutre, augmentation du prix du tabac – ont montré leur efficacité, le médecin estime qu’il faut aujourd’hui changer de discours. « On a atteint un seuil où augmenter encore le prix aurait peu d’effet, et risquerait d’alimenter les marchés parallèles. Ce qu’il faut désormais, c’est valoriser les bénéfices concrets de l’arrêt : mieux respirer, mieux dormir, mieux vivre. C’est ça, le vrai moteur de la motivation. »
Le Mois sans tabac se poursuit tout au long de novembre. Et à Lens, les équipes du Dr Théo Joseph comptent bien continuer à transformer chaque tentative en réussite durable.
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