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Implication patrimoniale, diversification, capacité de Bollaert… Le point avec Benjamin Parrot

RC Lens.

En marge de la présentation de La Galerie, le nouveau salon VIP de Bollaert-Delelis qui sera inauguré à l’occasion du derby samedi, le directeur général Benjamin Parrot est revenu sur la nécessité pour le club de diversifier sa stratégie face à la problématique des droits TV et une volonté très affirmée de mettre en avant […]

Implication patrimoniale, diversification, capacité de Bollaert… Le point avec Benjamin Parrot

En marge de la présentation de La Galerie, le nouveau salon VIP de Bollaert-Delelis qui sera inauguré à l’occasion du derby samedi, le directeur général Benjamin Parrot est revenu sur la nécessité pour le club de diversifier sa stratégie face à la problématique des droits TV et une volonté très affirmée de mettre en avant l’attachement du RC Lens envers le patrimoine régional.

Lensois.com : Benjamin Parrot, comment est venue l’idée de concevoir « La Galerie », ce nouveau salon VIP de Bollaert qui renvoie à l’ADN minier du club et qui offre une vue surprenante sur le hall Platini, où les joueurs patientent un dernier instant avant d’entrer sur la pelouse ?
Ce salon est plus qu’un salon. C’est un projet patrimonial. Le château de Versailles a sa galerie des glaces, le stade Bollaert a désormais son salon La Galerie ! On souhaitait se connecter à notre ADN minier et, dans une période où les droits télé baissent à des niveaux faméliques, il nous fallait envisager des moyens de développer davantage nos revenus. On a fait de cette contrainte économique lourde une opportunité de développement en essayant de concilier perspective de développement pour le club et connexion profonde à notre ADN. De là est née cette volonté de créer ce salon. Ce sont plus de 4 mois de travaux, un investissement de quasiment 1 million d’euros. Ce salon fait plus de 200 m² et c’est une sorte d’ode à la mine. La mine signifiait le travail, le labeur, la noirceur. On la met aujourd’hui en lumière. Que le stade Bollaert, Félix-Bollaert de son ancien nom, puisse aujourd’hui avoir un salon qui reproduit une mine, c’est un clin d’œil, un hommage et on en est particulièrement heureux. Quand on travaille dans un club, on est de passage, on est des héritiers d’une histoire. On doit respecter l’ADN, le comprendre. Ce qui compte, c’est de laisser une trace pérenne avec un équipement qui va profiter aux VIP les soirs de match mais qui sera aussi accessible au grand public lors des visites et pourra être l’objet de réunions. Il a une fonction hybride. Sur les soirs de match, on a pensé cet endroit aussi plutôt pour répondre à des logiques de groupe, des envies de plonger dans une expérience ensemble, que dans des logiques de réservation individuelle.

Ce décor minier vient prolonger ce qui a été fait dans le tunnel des joueurs, plongés dans cette atmosphère du vestiaire jusqu’à la pelouse, comme ils ont pu le découvrir depuis le match amical contre l’AS Roma…
On est clairement dans l’identitaire. Si on aime tous le football, c’est que la narration nous importe. Celle sur le terrain, on ne la maîtrise pas. Elle appartient aux acteurs. Mais notre responsabilité en travaillant dans un club, c’est de créer toutes les conditions d’une compréhension directe de là où on se situe. À la fois pour nos joueurs mais aussi pour nos adversaires. Bollaert-Delelis, c’est le bassin minier, un club taillé dans la sueur et le travail. Quand vous passez dans ce couloir, vous n’allez pas sur un terrain, vous allez charbonner ! On a voulu être dans une métaphore. Ce n’est pas du vrai charbon, mais on l’a fait avec des moyens techniques qui le reproduisent. C’est ce qui fait qu’on est tout de suite pris par nos histoires. Ce salon et le passage des joueurs, on est quasiment dans du muséal. Mais on veut aussi être dans le vrai pour partager et présenter nos valeurs de manière claire. Sur les premiers matches, il y a eu un peu d’étonnement. Le mot « évident » est souvent revenu mais cette évidence, il fallait la mettre en exergue. Ce sont les premiers retours qu’on a. On verra ce week-end la manière dont ce sera accueilli par l’équipe adverse ! (Lille).

Cela fait plusieurs années maintenant que le RC Lens met en avant son histoire. À travers ses maillots, les célébrations pour la Sainte-Barbe, ce salon ou même les noms d’anciennes grandes gloires donnés à différents terrains d’entraînement. Les joueurs qui arrivent sont-ils sensibles à cela ?
Quand ils arrivent, ne serait-ce que dans le paysage, ils voient les terrils. Notre job, c’est de leur expliquer ce que c’est. On a un devoir de pédagogie et de transmission fondamental. C’est le cas de tous les clubs historiques. Le RC Lens, c’est 1906, 120 ans d’histoire. On se doit d’être les messagers de cette histoire pour vraiment tout donner. Pour arriver à la performance, il faut avoir la compréhension du contexte dans lequel on travaille. C’est pour ça aussi qu’on procède à la remise d’une lampe de mineur à l’arrivée des joueurs. C’est la remise d’un outil de travail et un clin d’œil. La lampe de mineur venait éclairer, c’était le soleil pour aller travailler. Quand il y avait de la lumière, il y avait de la vie. Quand on allume cette lumière, on démarre l’histoire avec le club. Ces symboles, on peut se dire que ça devient stéréotypé ou cloisonnant, mais au contraire, ça fixe le cadre du lieu où on se trouve. On est là pour le fixer, pour donner des repères et expliquer que travailler dans ce club, porter ses couleurs, ça exige une compréhension car ça exige des valeurs qui dépassent celles du football. L’engagement, le don de soi, l’humilité, la détermination, ce sont des valeurs universelles. Elles étaient associées aux mineurs, mais elles le sont aussi aux joueurs.

« Les infrastructures, c’est un élément fondamental pour un club. Il n’y a pas de grand club sans grandes infrastructures »

La Galerie, qui reproduit le décor d’une mine, va être inaugurée alors qu’il y a quelques semaines, vous avez annoncé la mise en place d’un partenariat avec le Centre historique minier de Lewarde. Vous êtes-vous appuyés sur son expertise ?
Le staff est allé le visiter, le coach (Pierre Sage) l’a fait avec sa famille. C’est un musée de référence sur le territoire. C’est pour ça qu’on se lie à eux, qu’on est aussi mécène du Louvre-Lens. On essaye d’être acteur du territoire. Le RC Lens, c’est plus que du football, c’est un objet social. On se doit de rendre au territoire ce qu’il nous donne, cette ferveur qu’on ressent. Nous aussi, on doit la donner. C’est pour ça qu’on s’adosse à d’autres symboles du territoire, pour ne former qu’un. Le football ne doit pas regarder les autres institutions avec un regard quasi vertical. On se doit de se regarder tous ensemble et de travailler main dans la main. On n’est pas hors sol. On doit rester lié à tous ceux qui œuvrent pour le territoire. Le RC Lens en est un ambassadeur, mais il y en a d’autres et on est tous liés pour le faire briller. Pour la réalisation du salon, il y a eu un sourcing notamment pour la salle des pendus, pour les illustrations et surtout pour le travail de chronologie permettant d’accéder au salon (à retrouver plus bas les précisions d’Henri Neveu, directeur de la marque RC Lens).

Ce projet s’inscrit donc aussi dans une volonté de ne pas être passif face aux difficultés économiques rencontrées actuellement dans le football français…
Les comptes DNCG sont publiés, la situation est claire, on n’a rien à cacher. Un club comme le RC Lens, du fait de l’absence de droits TV à cet instant, a un déficit d’exploitation en début de saison de 40 millions d’euros. Soit vous le compensez par des opérations de mutation (transferts de joueurs), soit vous développez davantage vos revenus. Vous devez faire les deux mais notre optique était dans un temps de réduire la dépendance aux droits TV. Aujourd’hui, sans droits TV, il n’y a plus de dépendance du tout… Il faut donc se diversifier et cette stratégie passe par des équipements. Les infrastructures, c’est un élément fondamental pour un club. Il n’y a pas de grand club sans grandes infrastructures. Outre ce salon, on a procédé à l’installation de chambres au centre d’entraînement. C’était l’idée initiale de Gervais Martel. Finalement, l’histoire est faite de perpétuels recommencements. On retrouve la fonction initiale de la Gaillette qui accueillait les mises au vert des joueurs. Plutôt que d’avoir une ligne de dépense sur les mises au vert, on peut les faire au centre d’entraînement. Cela engendre un triple avantage : leurs chambres sont les mêmes toute l’année. Ils sont familiers des lieux, ça génère des économies substantielles. Enfin, les joueurs partent de la Gaillette et vont vers le stade. Sur le chemin, ils peuvent voir toute la ferveur autour du match. Ça contribue aussi à ce qu’est ce club, un club lié à son public, qui voit passer le bus. Certes, le trajet est un peu plus long (ndlr : par rapport à un départ de l’hôtel du Louvre-Lens) maintenant mais il est très coloré et Sang et Or toute la route.

Réaménagement de la Gaillette-Gervais Martel, salon VIP, tunnel des joueurs mais aussi transformation des friteries désormais modernisées avec des thématiques Sang et Or liées au club… Le RC Lens a beaucoup investi. Peut-on avoir des précisions sur le coût global ?
D’une manière globale cette année, on est sur une enveloppe de 2,5 millions d’euros sur les infrastructures au sens large : Bollaert, le parvis, les vestiaires, le salon, les chambres à la Gaillette… C’est une ligne importante, mais à la hauteur de notre croyance dans le fait de miser sur nos infrastructures.

Quand on parle d’infrastructures dans les clubs, il est souvent question d’agrandissement de la capacité du stade. Ici, c’est plein en permanence. Où en est-on sur ce point ?
Il nous faut déjà signer chez le notaire l’achat du stade. C’est l’étape décisive qui manque. Tout est ok, carré, le dossier a été parfaitement ficelé. Mais la période de recours freine cette signature (ndlr : le RN a déposé un recours, contestant le prix). Pour agrandir la capacité d’un stade, il y a la croissance interne et la croissance externe. L’interne, c’est l’augmentation de la capacité de la Marek (zone debout). Là-dessus, c’est sur le bureau du ministère de l’Intérieur. Un dossier fait avec beaucoup de minutie, des études du bureau Veritas sur la solidité des fondations, sur la durée pour évacuer les tribunes. On a répondu à tous les critères. On a aussi changé les tripodes à l’accueil pour entrer dans le stade afin de répondre à toutes les contraintes posées. C’est maintenant au ministère de l’Intérieur de donner son aval sur ce dossier. Si on parle plus de croissance externe, ça fait appel à des développements immobiliers et à cet instant, on n’est pas sur ces pistes-là. Naturellement, l’acquisition de Bollaert nous amène à réfléchir, et on a plus qu’une petite idée pour que Bollaert vive toute la semaine, mais on n’est pas dans une vision de dénaturer l’architecture du stade, à laquelle on est extrêmement attachés. On souhaite pour l’instant plus imaginer quelque chose qui permettra au club et au stade d’accueillir tout au long de la semaine du public et de vivre des expériences autour de Bollaert, que de créer de nouvelles tribunes.

Henri Neveu : “A Liverpool, les joueurs tapent sur l’inscription You’ll never walk alone, ici le symbole, c’est la lampe de mineur”

Henri Neveu, directeur de la marque RC Lens, sur la synergie avec le Centre historique minier de Lewarde : « L’idée, c’est que le salon et le tunnel des joueurs reflètent au maximum l’identité du club, pour l’affirmer et laisser une trace pour l’avenir, dans ce souci de transmission qui est important ici. Pour y parvenir, on travaille beaucoup en interne, mais pour l’habillage de la Galerie, on s’est naturellement rapproché du Centre historique minier de Lewarde. Une synergie a été mise en place : les joueurs, membres du staff, jeunes de la formation ou de la préformation, sont amenés à le visiter. On répète souvent aux gens, quand ils arrivent, le lien singulier entre le club et la mine, mais tant que tu ne le vois pas, ça reste assez abstrait.

Le fait de vivre une vraie visite, ça marque forcément. Quand je suis arrivé au club, dès la première semaine, c’était important que j’aille à Lewarde, parce qu’il faut le voir pour comprendre ce qu’on nous raconte. Dès l’école de foot, c’est important. Ne serait-ce que quand on leur parle de derby, de la différence entre Lens et Lille, ça peut rester abstrait, mais une fois que tu vas à Lewarde, tu comprends mieux. (ndlr : l’inauguration du salon le jour du derby relève plus du clin d’œil du destin que de la volonté initiale du club). Ça fait partie du processus d’intégration d’aller à Lewarde. Dire qu’on est un club identitaire, c’est bien, mais il faut aussi mettre en place des choses pour transformer ça en acte. Pour l’habillage de la Galerie, j’ai appelé le directeur de Lewarde et je lui ai fait part de notre souhait de reproduire une salle des pendus et de bénéficier d’archives photographiques pour montrer à quoi ça pouvait ressembler et rendre hommage aux personnes qui ont travaillé dans les mines. Il y a eu une vraie sélection : l’une met par exemple en valeur l’immigration. Tout cela s’ajoute à la remise aux joueurs de lampes de mineur à leur arrivée. On en a aussi placé une à l’entrée de la Galerie, une autre quand les joueurs descendent du tunnel, pour en faire un symbole.

Comme à Liverpool, où les joueurs tapent sur l’inscription You’ll never walk alone, ici c’est la lampe de mineur. Il faut créer des choses fortes et marquantes. Pour ça, on s’entoure d’acteurs locaux. Tout seul, on peut faire des choses, mais sans doute moins. On s’appuie sur leurs archives, leurs objets, pour faire de ces lieux une expérience muséale, parce qu’on a ce devoir de transmission. »

Propos recueillis par Christophe Schaad.

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