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Journée internationale de l'enfant : « Faciliter l'intégration et permettre une vie d'adulte responsable»

Béthune - Bruay. La journée mondiale des droits de l’enfant a lieu le 20 novembre chaque année depuis 1989. Travailleur social depuis près de 40 ans, Stéphane Duval revient sur son investissement auprès des mineurs non accompagnés au sein de la structure SAVI de Béthune.

Journée internationale de l'enfant : « Faciliter l'intégration et permettre une vie d'adulte responsable»
La vie active, SAVI Béthune

Pouvez-vous nous expliquer votre parcours professionnel ?

J'ai travaillé depuis 1985 dans la protection de l'enfance, c'est-à-dire sur toutes les situations d'enfants confiés par des décisions judiciaires ou d'ailleurs confiés par les parents directement, par mesure de protection. Ça a été le plus gros de ma carrière en tant qu'éducateur, en tant que responsable de service et en tant que directeur. En 2015, j'ai fait une petite bifurcation dans ma carrière professionnelle pour prendre la direction de ce qu'on appelait le camp des migrants à Calais, pour le compte de l'État. J'y ai travaillé pendant deux ans, jusqu'au démantèlement de la jungle. Une fois que la jungle a été démantelée, que notre activité avait arrêté de fonctionner, la direction générale de l'association m'a confié la responsabilité du développement de tout ce qui est accueil et intégration des mineurs non accompagnés.

Que veut dire le terme de « mineur non accompagné » ?

Le principe du mineur non accompagné, c'est que c'est un gamin qui est reconnu mineur par la justice et qui décide de se stabiliser sur le territoire français. Et nous, on met des moyens humains en place pour justement faciliter leur intégration.

En ce qui me concerne, on est sur un accueil de jeunes qui arrivent sur le territoire français, qui sont considérés, qui se disent mineurs. Dans ce cas-là, l'établissement qui a réalisé l'évaluation saisit un magistrat, on a fait une évaluation, on le reconnaît mineur, il est seul sur le territoire français, il n'a pas de représentant légal, en conséquence de quoi on demande de le protéger. Le magistrat décide alors d'une ordonnance de placement provisoire, et sur le même principe, il va confier le jeune qui vient d'un autre pays. Il va le confier au département, qui va l'envoyer chez un des quatre opérateurs qui est actuellement dans le département du Pas-de-Calais, c'est-à-dire La vie active, France Terre d'Asile, les apprentis d'Auteuil, et Habitat Insertion.

Votre rôle aujourd’hui dans tout cela ?

Je suis directeur du SAVI de Béthune et du SAVI de Boulogne pour le compte de l'association La Vie Active, qui elle a été mandatée par le département pour prendre en charge ces jeunes avec des financements du département.

Je ne m'occupe que de la protection d'enfants qui viennent de pays étrangers, c'est-à-dire des jeunes qui viennent soit par exemple qui fuient la guerre, d'Afghanistan par exemple, ça peut être des jeunes qui viennent du Soudan, qui fuient des conflits de guerre, d’Ethiopie, d’Erythrée, ou qui fuient d'ailleurs d'autres contextes. On accueille des jeunes filles par exemple, qui fuient des mariages forcés, alors que le pays n'est pas un pays en guerre, on a des jeunes qui viennent de Guinée, du Mali ou autre, ce sont des jeunes qui fuient une situation dans laquelle ils sont en danger.

Quels sont les outils ou les démarches que vous pouvez mettre en place pour ces jeunes-là ?

On active avec les équipes éducatives tous les leviers possibles.

Le levier scolaire et professionnel. Le levier sportif, c'est-à-dire qu'on a énormément de jeunes, certains qui jouent au stade béthunois en équipe première. On en a qui jouent au futsal à Béthune. On en a qui jouent dans tous les clubs de la région. Le levier culturel, on travaille avec le Louvre-Lens et le musée de la Banque à Béthune. On travaille avec toutes les organisations culturelles du territoire pour justement leur permettre d'accéder au monde de la culture. Et il faut reconnaître que ça marche bien, puisqu'en grande majorité, tous les jeunes qu'on a sortent de chez nous avec des diplômes, avec des qualifications, avec des boulots, avec ceci, avec cela.

Vous pouvez employer le terme de passerelle ou le terme d’accélérateur, facilitateur, etc. On est là pour faciliter leur intégration et leur permettre d'accéder, effectivement, à une vie d'adulte responsable. On a des réussites hors normes. J'ai un jeune qui est passé par chez nous. Alors il est majeur, maintenant mais l'année prochaine, il sera ingénieur. J'ai une jeune fille qui est sortie de chez moi il y a 15 jours, 3 semaines, qui est scolarisée au lycée Blaringhem de Béthune. Cette jeune fille a réalisé un film l'an dernier. Le film devrait sortir, sur les écrans au début 2025. Elle est en terminale, donc elle prépare son bac d'ici la fin de l'année. Et depuis deux ans maintenant, en parallèle, elle fait une prépa Sciences Po.

Si je prends l'exemple concret d'un jeune qui veut vous rejoindre, comment ça se passe pour lui ?

Un jeune qui arrive sur le département du Pas-de-Calais par exemple, généralement, ce qui se passe, c'est qu'il est soit accueilli directement par la mise à l'abri (MIE) de l’association France – Terre d’asile. Il y a un service sur Saint-Omer qui prend tous les jeunes qui se présentent et qui se déclarent mineurs, soit ils se déclarent et se présentent spontanément, soit parce qu'ils ont été récupérés à Calais dans le cadre des migrants qui sont sur Calais, ou soit directement récupérés par les services de police. Et dans ce cas-là, ils les ramènent à la mise à l'abri. Une fois qu'ils y sont, l'association qui gère ça a cinq jours pour réaliser une évaluation du jeune et pour déterminer selon eux s’il est majeur ou mineur. S'il est reconnu mineur, il est envoyé dans une des structures comme le SAVI.

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