Un débrayage a eu lieu ce vendredi 12 septembre devant l'hôpital d'Arras, à l'appel du syndicat FO (Force Ouvrière). Ce débrayage concerne tous les établissements publics, hôpitaux et EHPAD du Pas-de-Calais. À l'origine de cette mobilisation : les plans de performance et les possibles suppressions de postes qui pourraient en découler dans plusieurs structures du département.
Christine Barbier, secrétaire générale du syndicat FO de l'hôpital d'Arras et secrétaire départementale FO Santé du Pas-de-Calais, a tenu à rappeler l'ampleur du problème : « En naviguant dans les différents établissements du Pas-de-Calais, on constate que des plans de performance sont en train de se mettre en place, et avec eux, des suppressions d'emplois massives. À l'hôpital d'Arras, ce sont 100 postes qui sont menacés d’ici 4 à 5 ans. Malheureusement, cette situation concerne tous les établissements et les EHPAD du département. »
Ces plans sont la conséquence d'une circulaire de l'ex-premier ministre François Bayrou, qui a demandé aux Agences Régionales de Santé d'assurer un meilleur suivi des dépenses d'achats et de personnels des hôpitaux.
Le plan de performance, mis en place en réponse à un déficit budgétaire, implique, selon les syndicats, une réduction des effectifs dans un contexte où les hôpitaux sont déjà à la limite de leur capacité.
La dégradation des conditions de travail
Parmi les manifestants, Laurence, infirmière à l'hôpital d'Arras depuis plus de 30 ans, témoigne de l'évolution négative des conditions de travail : « J’ai vu une dégradation constante depuis 30 ans. Le personnel est épuisé, et les patients souffrent de l’absence de moyens. » Selon elle, la pression est telle que le rendement est privilégié au détriment de la qualité des soins. « On est dans une situation de maltraitance, non pas par manque de volonté, mais parce qu’on nous donne pas les moyens de faire notre travail correctement. »
Laurence évoque les conditions de prise en charge dans les EHPAD, où les tâches sont souvent insoutenables. « Faire une toilette en trois minutes, c’est de la maltraitance. » L’infirmière souligne que ces réalités ne sont plus supportables pour de nombreux collègues, certains quittant la profession après à peine un an d'exercice.
« Une situation préoccupante pour les patients »
Le sentiment d’abandon se fait aussi ressentir chez les patients. Le manque de lits, l'attente interminable aux urgences, et la réduction du personnel rendent difficile la prise en charge des personnes âgées, parfois laissées dans des fauteuils pendant des heures.
Comme le rapporte Laurence, des patients âgés sont parfois renvoyés chez eux à des heures tardives, faute de lits disponibles. « On n’a plus les moyens d’accueillir dignement nos patients. Les conditions sont indignes et cela doit changer. »
Vers une mobilisation plus large
La journée de grève à l'hôpital d'Arras s'inscrit dans une mobilisation plus large, avec un rassemblement intersyndical prévu le 18 septembre. Le syndicat FO demande l’abrogation des circulaires Bayrou qui « accentuent la pression sur les hôpitaux », et espère que le nouveau gouvernement prenne enfin la mesure de la crise. « Nous attendons des réponses concrètes, » déclare Christine Barbier. « Il faut que l'État cesse de faire les économies sur le dos des soignants et des patients. »
Un avenir incertain pour les établissements publics
Le plan de performance annoncé pour l’hôpital d'Arras et les autres établissements du département devrait se concrétiser d’ici novembre, avec une présentation au CSE prévue en octobre. Si la direction de l’hôpital a assuré qu'aucune suppression d’emplois n’était actée pour l'instant, la situation reste floue. Selon Christine Barbier, les arrêts de contrats déguisés sont déjà une réalité, et de nombreux soignants risquent de perdre leur emploi sans aucune alternative.
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