Une commission d’enquête parlementaire sur le réseau social TikTok vient de frapper fort. Dans ses conclusions, elle recommande l’interdiction des réseaux sociaux avant 15 ans et un couvre-feu numérique pour les 15-18 ans, de 22 h à 8 h. Objectif : protéger les jeunes d’un « océan de contenus néfastes », allant de la promotion du suicide à l’automutilation, en passant par une exposition répétée à la violence. « TikTok a délibérément mis en danger la santé, la vie de ses utilisateurs », a dénoncé le président de la commission, le député socialiste Arthur Delaporte.
« Je suis déjà tombé sur du contenu choquant »
Mais devant un collège et un lycée de Béthune, les adolescents rencontrés sont loin d’adhérer à l’idée. « Pour les moins de 15 ans ? En vrai, non, il ne faut pas faire ça ! » lâche Maël, 14 ans, connecté chaque jour à Instagram, TikTok et Snapchat. Comme lui, la majorité des collégiens interrogés disent ne pas pouvoir se passer des réseaux. Shayna, 13 ans, avoue même avoir ouvert son premier compte TikTok à… 7 ans. « Oui, je suis déjà tombée sur du contenu choquant, à caractère sexuel », confie-t-elle.
Plutôt que d’interdire, Romy, 13 ans, prône une régulation ciblée : « Il faudrait bloquer les vidéos choquantes, mais pas interdire complètement. » Shayna souligne aussi l’aspect utile des réseaux : « Parfois, ça aide pour les cours, quand on ne comprend pas. »
« Il y a beaucoup de cyberharcèlement »
À l’inverse, Loane, 13 ans, fait figure d’exception : « Oui, il faudrait interdire. Parce qu’il y a beaucoup de cyberharcèlement. » Une inquiétude qui rejoint les constats de la commission : perte de concentration, troubles du sommeil, problèmes d’estime de soi… autant de risques pour les jeunes utilisateurs.
Créée en mars dernier, la commission a auditionné des familles endeuillées, des influenceurs, mais aussi des dirigeants du réseau social. Certains députés estiment même que TikTok s’est rendu coupable de parjure. Une proposition de loi transpartisane est désormais envisagée, pour faire de la France le premier pays européen à légiférer sur l’âge d’accès aux réseaux sociaux.
« Enfin ! » se réjouit Romain Debaisieux, fondateur de l'association SOS Harcèlement 62. « Je suis satisfait, car je me dis que c'est enfin une avancée. C'est ce que nous réclamons depuis de très nombreux mois, voire de nombreuses années. Il est important de limiter l'accès aux réseaux pour les mineurs afin d'éviter de nombreuses dérives, puisque, malheureusement, on se rend bien compte que sur les réseaux sociaux, il y a tout un déchaînement de haine. »
Reste à déterminer comment appliquer ces mesures concrètement et obliger les plateformes à jouer le jeu.
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