« Pas une goutte depuis début mai » face au déficit de pluie, le département du Nord placé en vigilance sécheresse

Actus. Comme indiqué sur le site vigieau.gouv, le département du Nord a été placé en vigilance sécheresse ce lundi 19 mai, alors que la région toute entière souffre d’un large déficit de pluie. Si le niveau des nappes phréatiques est correct, les sols sont en surface bien trop secs selon Patrick Marlière, météorologue et directeur de Médias-Weather

« Pas une goutte depuis début mai » face au déficit de pluie, le département du Nord placé en vigilance sécheresse
Image d'illustration - Shutterstock

Quelles sont les conséquences de cette sécheresse sur les sols de manière générale ?

Patrick Marlière : C'est essentiellement une sécheresse de surface qui, malheureusement, à cette époque de l'année est celle qui impacte le plus le monde agricole. Le printemps est souvent équilibré au niveau des quantités de pluie, et pourtant, nous sommes en déficit pluviométrique depuis le mois de février. Tous les mois, ça s'aggrave encore, et en dehors des averses orageuses qui ont touché très localement quelques zones du Pas-de-Calais, il y a certains endroits de notre région où il n'est pas tombé une seule goutte d'eau depuis le 1er mai.

« Chaque année, les dérèglements sont différents »

C'est la pire sécheresse depuis 1959 (soit le début des relevés) à cette période de l'année, Est-ce que ça devient de plus en plus courant, notamment dans le Nord-Pas-de-Calais, ce genre de phénomène ?

PM : Cette sécheresse est un peu exceptionnelle. C'est vrai qu'il faut remonter à plus de 50 ans pour retrouver une sécheresse aussi importante, en tout cas en début d'année. Pour autant, c'est une situation à laquelle il va falloir s'habituer maintenant avec le dérèglement climatique. On voit que chaque année, nous subissons des dérèglements climatiques assez différents. On a des épisodes de fortes chaleurs et de canicules. On a des épisodes avec des orages extrêmement violents. Pas sur nos régions, mais sur le sud de la France en ce moment. On a des épisodes d'inondations. Le Pas-de-Calais a été copieusement arrosé et inondé pendant plusieurs mois. 

Et puis là, évidemment, il y a un épisode de sécheresse qui surprend tout le monde parce qu'on avait eu de très fortes pluies au cours de l'année 2024. Rien qu’en janvier 2025, il y a eu quasiment le double de la normale de précipitations. Et depuis, il manque en moyenne entre 60 et 80% de pluie sur nos régions. D'où cette sécheresse, d'où cette vigilance qui est installée sur notre région et sur l'ensemble des Hauts-de-France.

Et les nappes phréatiques ? Y-a-t-il actuellement un déficit ?

PM : Pour l'instant, on n'est pas encore dans un degré d'inquiétude pour les nappes phréatiques. Elles avaient été fortement alimentées dans l'année 2024 et même au mois de janvier. En revanche, elles ne s'alimentent plus depuis des mois, puisqu’il ne tombe plus d'eau. Si leur niveau dans le Pas-de-Calais est légèrement en dessous de la moyenne, il reste cependant assez élevé dans le département du Nord. Donc, il n'y a pas de réelle inquiétude pour l'instant, mais il faut rester vigilant, puisqu’il ne devrait pas tomber d'eau avant le prochain week-end.

« Le stockage des eaux pluviales est un enjeu de demain »

Comment est-ce que cette sécheresse pourrait se résorber ? Est-ce qu'il faut de la pluie soudaine et intense ? Ou est-ce qu'il faudrait plutôt une pluie légère, mais sur la durée ?

PM : La façon dont va tomber la pluie est extrêmement importante. S'il s'agit de petits passages pluvieux, des perturbations qui se succèdent les unes derrière les autres, alors les précipitations seront utiles, celles qui vont tomber de façon régulière et qui vont progressivement mouiller les sols puis s'infiltrer. Là, pour autant, ce qu'on annonce à partir de ce dimanche, c'est de l'instabilité, donc des averses. Les averses, ce ne sont pas forcément des pluies utiles, puisqu'elles tombent de façon importante en quelques minutes. Elles ne peuvent pas s'infiltrer correctement dans les sols. Elles seront les bienvenues, au vu de la sécheresse, mais ce ne sont pas les quantités de pluie continue que l’on attend pour pallier la situation.

Qu'est-ce que l'on doit faire, à échelle individuelle, pendant une période de sécheresse pareille ?

PM : Même si le niveau des nappes est encore correct, on peut bien sûr patienter un peu avant de laver sa voiture. Mais l’enjeu des prochaines années, c’est le stockage des eaux pluviales. C'est vraiment l'enjeu des prochaines années en tant que citoyen. Avoir des solutions de stockage de l'eau de pluie de façon raisonnable. Il y a 50 ou 60 ans, on construisait des habitations et on faisait des réserves, des citernes pour stocker l'eau. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Peut-être qu'il va falloir repenser autrement le stockage de l'eau, en tout cas sur les Hauts-de-France. 

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