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« Une trahison » : les agriculteurs de l'Artois de retour dans la rue

Arras - St Pol. Les agriculteurs ont exprimé leur mécontentement à l'occasion d'une manifestation à Arras. Ils dénoncent un détricotage de la loi de simplification.

« Une trahison » : les agriculteurs de l'Artois de retour dans la rue
Clément Demazure

Ce vendredi 15 mai, les agriculteurs de l’Artois ont convergé vers Arras pour une manifestation organisée devant la préfecture du Pas-de-Calais. 

Le principal point de discorde est la loi de simplification, adoptée au Sénat et désormais en commission des lois à l’Assemblée Nationale. En théorie, cette loi doit alléger les contraintes pesant sur les exploitations et renforcer leur compétitivité. Mais selon Gabriel Trolet, représentant FDSEA du Béthunois, plusieurs amendements déposés par des députés rendent le texte encore plus contraignant pour les agriculteurs.

« Nous avions de grands espoirs dans ce projet, mais aujourd'hui, il semble qu'il va aggraver la situation », explique-t-il. Selon lui, certaines mesures, comme la restriction des zones de traitement agricole à 200 mètres, seraient catastrophiques, en particulier dans un secteur déjà fortement urbanisé comme le Béthunois.

« Si nous ne pouvons plus travailler dans ces zones, nous devrons fermer nos exploitations, vendre nos terres », déclare Gabriel Trolet, qui redoute que la loi n'accélère la disparition de l'agriculture française.

Un ras-le-bol généralisé

Depuis plus d'un an, les agriculteurs du Pas-de-Calais et des Hauts-de-France multiplient les mobilisations. Le représentant de la FDSEA parle d’une « trahison » par rapport aux engagements pris par les élus. « Lors des blocages il y a plus d’un an, c’était un défilé de députés qui nous soutenaient. Aujourd'hui, c'est tout l'inverse », dénonce-t-il.

Cette manifestation marquait donc, selon lui, un premier acte. « C'est un premier coup de semence. Si nos gouvernants ne prennent pas la mesure de la situation, les prochaines actions seront plus dures et plus virulentes », avertit Gabriel Trolet.

La gestion de l'eau : une question de survie

Parmi les sujets polémique, la gestion de l'eau. Gabriel Trolet déplore l'obsession de l'État pour réduire la consommation d'eau agricole, sans prendre en compte l'ensemble des acteurs. « L'agriculture représente 10 % de la consommation totale d'eau en France. Pourquoi nous punir pour cela, alors que l'industrie et les fuites de réseaux en consomment bien plus ? », questionne-t-il, dénonçant un traitement injuste réservé aux agriculteurs.

Le représentant de la FDSEA défend l'idée que le stockage de l'eau est une solution pour faire face au réchauffement climatique. « Le climat devient de plus en plus extrême, avec des périodes de sécheresse et de pluies torrentielles. Le stockage de l'eau, pour l'utiliser en période de sécheresse, est une nécessité », plaide-t-il, avant d’ajouter que certaines solutions, comme les retenues d'eau, devraient être plus largement acceptées.

Autre sujet sensible, l'autorisation d'un insecticide néonicotinoïde interdit en France, mais toujours utilisé dans plusieurs pays européens. « Nous, ce que l'on souhaite, c'est être au même pied d'égalité. A chaque fois, en France, on essaie de laver plus blanc que blanc, de montrer qu'on est les meilleurs. On considère que c'est une distorsion de concurrence par rapport à nous parce qu'ils peuvent utiliser un certain nombre de produits dans leur pays. Alors, qu'en France, on essaie toujours de rajouter plus de restrictions. ».

Un avenir incertain pour l’agriculture

À l'approche des nouvelles manifestations nationales programmées par la FNSEA pour le 26 mai, Gabriel Trolet exprime son inquiétude pour l'avenir de l'agriculture. « Si nos politiques ne veulent plus d'agriculteurs, qu'ils nous le disent clairement ».

Dans cette optique, les actions prévues dans les prochaines semaines risquent de prendre une tournure plus radicale. Alors que la région de la Flandre prépare des blocages sur l’A25 ce lundi 19 mai, Gabriel Trolet annonce que d’autres actions pourraient se multiplier. 

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