Installée à Sallaumines, dans le Pas-de-Calais, la PME nordiste GTE Automotive change de dimension avec l’inauguration de son Centre Européen de la Mobilité Décarbonée. Sur le site industriel de l’ex-carrossier Durisotti, racheté mi-2024, l’entreprise veut devenir un acteur de référence dans la décarbonation des flottes professionnelles.
« On était à deux doigts de la liquidation », reconnaît sans détour Marie Desprez, directrice générale de GTE Automotive. La relance du site de Sallaumines, dans un contexte industriel tendu, a nécessité une reprise anticipée, avant même que tous les éléments juridiques et financiers ne soient sécurisés. « L’alternative, c’était la fermeture. »
Une entreprise en déclin, un site en souffrance
Racheté en 2019 par GFG Alliance, Durisotti avait progressivement perdu en activité et en dynamisme. « Il n’y avait plus d’investissements, plus de vision, une lassitude s’était installée », détaille Marie Desprez. Au moment de la reprise par GTE, les conditions de sécurité n’étaient plus respectées, les équipements obsolètes, et les salariés marqués par une longue période d’incertitude. « La plus grande difficulté aujourd’hui, c’est de redonner confiance aux salariés. Ils sont l’âme de l’entreprise. »
Des signalements ont été faits au procureur et à l’inspection du travail. Des plans d’action sont désormais engagés, avec l’appui des autorités, pour remettre le site aux normes.
Une relance bâtie sur un savoir-faire
Pour mener ce redémarrage industriel, GTE Automotive a pu compter sur un écosystème de soutien : un prêt de 4 millions d’euros de l’État, des aides de la région Hauts-de-France et de la communauté d’agglomération Lens-Liévin (CALL), ainsi que des financements bancaires et un investissement important de ses actionnaires.
Mais la relance repose aussi sur un socle solide : une expertise reconnue dans la transformation de véhicules professionnels, un portefeuille de clients existant, et des marchés publics déjà en cours. « Ce n’est pas uniquement un soutien financier, c’est une dynamique complète que nous avons enclenchée, avec nos clients, nos fournisseurs, nos partenaires », affirme la dirigeante. L'entreprise équipe notamment des véhicules vendus aux professionnels en France (pompiers, police, armée, transport de personnes).
Nouveaux métiers, nouveaux horizons
Outre son activité historique, GTE Automotive développe de nouvelles filières stratégiques : rétrofit (rénovation) de véhicules thermiques en électriques, remise en état de véhicules pour une seconde vie (refurbish), et fabrication de batteries.
Des projets nécessitant formations spécifiques, recrutements, et infrastructures adaptées. « Oui, on va embaucher, et j’en suis ravie », sourit Marie Desprez. L’objectif est ambitieux : atteindre 2 000 emplois d’ici 2028, contre 450 actuellement au sein du groupe, dont 200 déjà basés à Sallaumines qui sera le nouveau siège social du groupe, jusqu’à maintenant basé à Lesquin.
Une ambition européenne : devenir leader de la mobilité décarbonée
Avec son nouveau Centre Européen de la Mobilité Décarbonée (CEMD), GTE Automotive veut s’imposer comme le numéro 1 français de la décarbonation de la mobilité professionnelle. Loin de se limiter au carrossage, l’entreprise mise sur un écosystème élargi : ingénierie, formation, conseil, infrastructures et partenariats avec les collectivités, les centres de recherche et les entreprises spécialisées.
« Nous revalorisons un site existant, au lieu d’en construire un nouveau. C’est aussi une démarche de sobriété carbone », insiste Marie Desprez.