Grégory V., le chauffeur du poids lourd impliqué dans l'accident mortel de Bavincourt, comparaissait lundi après-midi au tribunal d'Arras. L'accident avait provoqué la mort de la conductrice de car scolaire Francine Lesage et fait 13 blessés le 14 novembre 2016, sur la RN 25 à Bavincourt près d'Arras. Un collégien de 13 ans avait été amputé des 2 pieds. L'accusé a écopé de 3 ans et demi de prison ferme, d'une suspension de permis de conduire pendant 10 ans et d'une annulation à vie d'exercer une profession de chauffeur.
Chercher à comprendre les causes du drame
Le tribunal a cherché à déterminer les circonstances de l'accident. La vitesse, les conditions climatiques et l'utilisation du téléphone portable n'apparaissent pas comme étant les éléments déclencheurs de la collision entre les 2 véhicules. En ce qui concerne la conduite de Francine Lesage, elle était qualifiée d'« apaisée et rassurante » selon ses collègues et les enfants qui prenaient le bus. En revanche, le doute persiste sur l'état de fatigue de Grégory V.. Si ce dernier affirme ne pas avoir été « dans un état de somnolence », l'un de ses collègues lui avait conseillé de « se reposer » car il faisait « des zigzags » sur la route.
« Une mémoire à géographie variable »
Tout au long de l'audience, Grégory V. n'a eu de cesse de marteler qu'il « ne se souvenait pas de l'accident ». Suite à la collision, le trentenaire est resté dans le coma. À son réveil, il raconte que ses « premiers souvenirs datent de 2004. » Une version des faits qui laisse perplexe le tribunal, surtout quand le chauffeur du poids lourd se souvient d'autres détails. Mais quand les analyses démontrent qu'il était sous l'emprise de morphine au moment des faits, l'homme ne se rappelle plus de rien. « Monsieur V. a une mémoire à géographie variable, » selon les avocats de la partie civile. Son avocat, Sébastien Blanchart, estime « qu'une grande partie de la population consomme des produits codéinés, ce qui n’empêche pas un chauffeur de prendre le volant. » L'accusé, lui, a déja été condamné pour trafic de stupéfiants.
Après l'annonce du verdict, les parties civiles ont échangé quelques mots : « Il a bousillé nos vies » ou encore « Pourquoi avait-il un camion entre les mains ? » Elles oscillaient entre « colère », « rage » et « incompréhension ». Grégory V. a attendu le verdict pour s’excuser auprès des victimes : « Je suis désolé de ce qu'il s'est passé. Je comprends leur haine. À leur place, j'en aurais plus. »
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