« Il y a de l’inquiétude et de la colère ». Ce vendredi 27 juin, six maires des communes traversées par la route départementale RD947 se sont retrouvés à Richebourg pour une réunion aux accents d’urgence et de lassitude. Les édiles de Richebourg, Lorgies, Laventie, Neuve-Chapelle, La Gorgue et Violaines entendent adresser dans les jours à venir un courrier au ministère de l’Intérieur pour réclamer des mesures de sécurisation de cet axe qui relie Estaires à La Bassée. Leur revendication principale : l’installation de radars automatiques.
Une route de plus en plus dangereuse
La RD947, est décrite par Jérôme Demulier, maire de Richebourg, comme un « véritable coupe-gorge ». « Trois morts en cinq ans, dont un enfant de deux ans en mai dernier », déplore l’élu. Une série noire qui illustre, selon lui, la nécessité d’agir : « Nous ne voulons plus avoir à nous réunir pour pleurer une victime. »
Cette route, qui traverse des zones habitées, accueille entre 9 000 et 13 000 véhicules par jour, selon un comptage réalisé en 2021. Et le trafic ne cesse d’augmenter : « Le contournement de La Bassée a rendu l’axe encore plus fréquenté. On a un accès rapide à l’A25, donc les gens sont nombreux », explique M. Demulier.
Des habitants en première ligne
Pour Alexandre Jombart, gérant de l’estaminet Plaisirs d’Antan situé au carrefour de la Rouge-croix à Richebourg, la situation est intenable : « L'incivilité des gens, la vitesse, l'irrespect total. Les gens ne font plus attention aux abords de la route. Ils doublent sur des lignes blanches, brûlent les stops. »
Il témoigne également des conséquences directes pour son établissement : « Quand il faut tourner pour accéder au parking du restaurant, il faut regarder deux fois dans le rétro, car on peut se faire doubler à tout moment. Les gens ont peur. » Un accident survenu il y a deux ans, impliquant un motard grièvement blessé, a laissé une empreinte durable : « L’hélicoptère, les pompiers, la route bloquée… On en parle encore aujourd’hui. »
Un sentiment d’abandon
Les élus expriment un profond ras-le-bol face à l’inaction de l’Etat. Déjà, en septembre 2023, ils avaient adressé une demande similaire au ministère de l’Intérieur. Refusée. Motif : la RD947 n’est pas jugée « suffisamment accidentogène ». Une réponse que Jérôme Demulier juge absurde : « Il faut quoi ? Dix morts ? On nous dit ce qu’on ne peut pas faire : pas de feux tricolores, pas de ralentisseurs, pas de ronds-points faute de place ou de budget. Mais jamais on ne nous dit ce qu’on peut faire. »
Le maire insiste : « Ce que l’on veut, c’est que la RD947 soit reconnue comme dangereuse. On veut des solutions concrètes, pas des réponses administratives. »
Le radar comme première réponse
Face à l’absence d’alternatives, les maires réclament des radars automatiques, dans l’espoir de dissuader les excès de vitesse : « Ce n’est pas une solution miracle, mais c’est un début », insiste M. Demulier. « C’est triste d’en arriver à devoir taper dans le porte-monnaie pour obtenir du civisme, mais c’est la réalité d’aujourd’hui. »
Le maire souligne aussi que les contrôles ponctuels, même s’ils existent, ne sont plus efficaces : « Les gens préviennent sur les réseaux sociaux. Le radar automatique, lui, ne dort pas. »
Une demande locale forte
Les maires réunis ne sont pas seuls. Ils agissent en relais de leurs administrés. « Les habitants viennent nous voir et nous disent : ‘faites quelque chose’ », confie Jérôme Demulier. Mais ils se heurtent à la complexité institutionnelle : « Pour la voirie, c’est le Département. Pour les radars, c’est l’État. Pour l’instant, chacun se renvoie la balle. »
Et pendant ce temps, la route continue de vibrer sous le passage des poids lourds, les riverains et les commerçants s’inquiètent.
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