« C’est vrai que depuis cinq ans, ça devient de plus en plus gros. C’est juste de la décoration, c’est ma passion. » À 23 ans, Nicolas Lœuil a toujours vu sa maison décorée pour Halloween. Il faut dire qu’il ne fait pas les choses à moitié : toiles d’araignées, cercueils, squelettes et faux cadavres ornent son jardin, sans compter les jeux de lumière le soir venu.
Nicolas devant sa maison de l'horreur
Crédit photo : JD
Alors, pour l’ouverture dimanche dernier, le compteur de visiteurs a vite grimpé. « D’habitude, on est autour de 50, voire 100 curieux. Là, on est quand même monté à à peu près 200 ou 300 personnes. On ne s’attendait pas à ça », confie le jeune homme, lui-même étonné du succès de sa mise en scène, largement partagée sur les réseaux sociaux.
Une menace d’expulsion
Oui, mais dès le lendemain, Nicolas et sa mère ont eu une mauvaise surprise : « Un huissier est venu déposer un commandement d’avoir à cesser le trouble du voisinage. » La mairie, qui aurait reçu des plaintes de voisins, a prévenu le bailleur social, SIA Habitat, propriétaire de la maison. « Il est écrit que si on n’arrête pas les faits reprochés, on peut être expulsés », explique Isabelle Lœuil, en colère, avant d’ajouter : « On a eu cinq fois le passage de la police sur la même journée. »
Le courrier de SIA Habitat et la lettre envoyée à la maire de Courcelles-les-Lens
Crédit photo : JD
Pour calmer le jeu, Isabelle et Nicolas ont mis entre parenthèses les animations, mais n’ont pas retiré leurs décorations. Depuis mardi, les visiteurs sont invités à se garer plus loin dans la rue et à venir en petits groupes.
Nicolas s’interroge tout de même sur le motif de la plainte, qui viendrait, selon lui, d’une seule maison : celle d’un voisin de sa propre famille. « Les autres voisins, ça ne les dérange pas aujourd’hui et ça ne les a jamais dérangés avant », avance-t-il, en montrant une vingtaine d’attestations signées par d’autres riverains.
La Ville pas en lien avec le bailleur social
Contactée, la Ville nous assure qu’elle décline tout lien avec les menaces du bailleur. L’adjoint au maire, Brahim Moutaoukil, déplore toutefois le manque de dialogue avec la famille Lœuil : « Si Nicolas était venu nous voir avant, on aurait pu trouver un arrangement pour organiser des animations dans une salle municipale, dans un cadre sécurisé. On l’aurait accompagné », nous déclare l’élu, qui précise que la mairie a reçu plusieurs plaintes de voisins, notamment pour stationnement gênant. « Imaginez 300 personnes dans la rue, qui plus est dans un cul-de-sac… Certains riverains ont été dérangés par le manque de places. D’autres ne pouvaient pas sortir de chez eux. ».
Concernant les rondes de la police municipale, Brahim Moutaoukil affirme que c'est "tout à fait normal", et qu'aucun PV n'a été adressé le soir des animations.
Les Lœuil, férus d’épouvante, semblent bien décidés à ne pas se laisser faire : « Si ça va plus loin, on prendra un avocat », nous confie Isabelle. La mère de famille, qui habite et décore sa maison depuis 36 ans, se dit très attachée à cette fête : « Les enfants passent un bon moment ici. Les familles aussi. Tout est gratuit. »
Une pétition en ligne a d’ailleurs été lancée pour soutenir la maison de l’horreur.
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