« Une réponse à la barbarie » : Isabelle Bernard sur le prix littéraire en mémoire de son mari

Actus. À Arras, le premier prix Dominique Bernard a été remis en mémoire du professeur assassiné en octobre 2023. Ce prix littéraire, créé par sa veuve Isabelle Bernard, invite les jeunes à réfléchir à la tolérance à travers l’écriture, offrant une réponse artistique et positive face à la barbarie du terrorisme.

« Une réponse à la barbarie » : Isabelle Bernard sur le prix littéraire en mémoire de son mari
Isabelle Bernard - Clément Demazure

Ce jeudi 22 mai, à Arras, a eu lieu la remise du premier prix Dominique Bernard, un prix littéraire inauguré en mémoire de l’enseignant tragiquement assassiné le 13 octobre 2023 dans un attentat jihadiste. Un événement empreint d'émotion et de symbolisme, en présence de sa veuve, Isabelle Bernard, qui a marqué cette cérémonie par un discours plein de force et d’espoir. C'est d'ailleurs la première fois qu'elle apparait physiquement face à la presse.

Plus de 900 élèves des collèges et lycées de l’arrageois ont pris part à ce concours littéraire, rédigeant des nouvelles sur le thème central de la tolérance. Ce projet a ainsi permis à de jeunes esprits de se saisir de l’écriture comme d’un outil de réflexion sur le monde, dans une démarche constructive face aux événements tragiques de l'automne 2023.

« Un jour de fête »

Lors de la conférence de presse précédant la cérémonie, Isabelle Bernard a exprimé toute sa gratitude envers les enseignants et les élèves ayant participé à ce projet. Pour elle, ce prix représente « une réponse joyeuse et artistique » à la barbarie du terrorisme. Elle a ajouté : « Aujourd'hui, pour nous, c'est vraiment un jour de fête, une manière de célébrer l'écriture, une manière de célébrer les jeunes », affirmant que ce prix a permis de donner un sens à la solidarité qui s’est manifestée autour de la tragédie.

Isabelle Bernard a également évoqué le cheminement de la création de ce prix. « Tout a commencé en décembre quand des collègues m'ont apporté une cagnotte. Je ne savais pas quoi faire de cet argent. Puis une amie m'a proposé de lancer un prix littéraire, et cela m’a paru d’abord un peu curieux, mais l’idée a finalement fait son chemin », a-t-elle expliqué. L’objectif était clair : encourager les jeunes à réfléchir à la tolérance, en utilisant l’écriture comme moyen de prendre du recul et d’agir contre la violence.

Ce prix, selon elle, ne se concentre pas sur le drame lui-même, mais bien sur des valeurs universelles. « Les élèves n’ont pas écrit sur le drame, mais sur des questions de tolérance. Ce n’est pas à moi de répondre à la manière dont ils l’ont vécu, mais je pense que cette approche a été enrichissante pour eux. »

Le jury du prix, qu’elle a présidé, a été séduit par la qualité des écrits des jeunes, certains d’entre eux surprenant même par leur profondeur. « Nous avons été émus, parfois intrigués, souvent émerveillés par certaines nouvelles », a-t-elle déclaré, soulignant que ce concours a permis de donner une voix à ceux qui, tout en étant marqués par les événements, choisissent de s’exprimer par la culture et non par la violence.

Un prix bientôt à l'échelle nationale ?

Sophie Béjean, rectrice de l’académie de Lille, a annoncé que ce prix pourrait s’étendre à l’échelle nationale dans les années à venir. « Nous souhaitons que ce prix devienne national, et il est probable qu’il s’étende progressivement à d’autres académies », a-t-elle indiqué, soulignant que les équipes pédagogiques et les collectivités locales sont prêtes à s’impliquer pour faire grandir cette initiative.

Frédéric Leturque, maire d’Arras, a également pris la parole lors de la cérémonie, en soulignant que l’école est un lieu privilégié pour « faire société » et lutter contre la division. « Ce prix est un acte symbolique fort, une réponse à la violence qui nous affecte tous. Il montre que des actes de solidarité et de culture sont possibles, même après de tels drames », a-t-il ajouté, insistant sur le rôle fondamental de l’école dans la construction d’une société plus tolérante et inclusive.

Isabelle Bernard, émue mais sereine, a exprimé sa confiance en l’avenir. « L’école est un lieu de réflexion et d’ouverture, et c’est là que réside notre véritable réponse à la violence : dans la transmission des valeurs et dans la capacité à se tourner vers l’avenir », a-t-elle conclut.

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