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« Non, les soignants ne sont pas des réfractaires de la vaccination »

News. Jean Létoquart, infirmier anesthésiste au SMUR de Lens, revient sur ce premier week-end de vaccination massif dans le Pas-de-Calais et livre son regard sur la vaccination et sur les propos du gouvernement qui a qualifié certains soignants de réfractaires à la vaccination.

« Non, les soignants ne sont pas des réfractaires de la vaccination »
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La vaccination contre la Covid-19 est au cœur de l’actualité, surtout dans le département du Pas-de-Calais qui a reçu 10 000 doses supplémentaires, comme l’a annoncé Jean Castex ce jeudi. Le Premier ministre a aussi rappelé que seulement 1/3 des soignants avait été vacciné. Olivier Véran, ministre de la Santé, a publié une lettre ce vendredi où il se désole que seuls « 30 à 40% des personnels soient aujourd’hui protégés ». Il a appelé solennellement les soignants à se faire vacciner.

Un manque de vaccins dans le Pas-de-Calais

« Si les soignants ne sont pas vaccinés, ce n’est pas qu'ils sont réfractaires, c’est juste que l’Etat ne met pas les vaccins à disposition », lance Jean Létoquart, infirmier anesthésiste au SMUR à Lens et vice-président de la communauté d’agglomération de Lens-Liévin. « On nous a forcé à venir travailler sans masques, sans gants, sans surblouses, on nous a aussi forcé à venir travailler malades. Du jour au lendemain, on passe pour des sauveurs du système à d’affreux anti-vaccins qui seraient réfractaires à toute vaccination. Ce gouvernement est le roi du contre-feu. Quand ses membres ont une difficulté, ils essaient de braquer les projecteurs à côté pour faire oublier leurs problèmes. Rappelez-vous, nous n’avons déjà pas eu de doses suffisantes pour vacciner contre la grippe. »

Plusieurs critères expliquent que certains soignants ne soient pas encore vaccinés

Outre le manque de vaccins dans le Pas-de-Calais, certains soignants préfèrent attendre d’être éligibles aux autres vaccins qui produisent moins d’effets indésirables. « J’ai reçu le vaccin AstraZeneca et j’ai fait un épisode grippal pendant 24h. Ce n’est pas dangereux mais je n’étais pas en état d’aller travailler », concède Jean Létoquart. « Des hôpitaux, comme celui d’Arras, ont du provisoirement interrompre leur campagne de vaccination car des soignants ne pouvaient pas aller travailler le lendemain. Il y a des soignants réfractaires c’est vrai mais je ne comprends pas leur choix. Il y a aussi des soignants qui ont été malades du Covid et ils doivent attendre 6 mois après la fin de la maladie pour se faire vacciner. Si on ajoute tous ces paramètres, on se rend compte que les soignants ne sont pas des réfractaires de la vaccination. »

Faut-il rendre obligatoire la vaccination ?

Le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal estime que la vaccination contre la Covid-19 pourrait devenir obligatoire chez les soignants, et que cela pourrait en effet devenir « une possibilité. » Pour l’infirmier anesthésiste au SMUR de Lens, « l’enjeu n’est pas de le rendre obligatoire mais disponible. On se posera ensuite la question de la vaccination obligatoire mais ils nous manquent encore des doses. 10 000 vaccins pour un département d’1,5 millions d’habitants ce n’est pas toujours pas suffisant et le gouvernement communique à tout va là-dessus, ce n’est même pas 1% de la population du département. L’ARS voulait rattraper le retard, mais le Pas-de-Calais était le bassin de vie qui avait le moins de vaccins par habitant. Il y a eu une campagne de vaccination choc mais l’écart existe encore. Le nombre de doses par habitant dans le bassin minier reste encore inférieur au département du Nord. »

Quel bilan après ce week-end « opération coup de poing » concernant la vaccination ? 

Selon Jean Létoquart, l’agglomération de Lens-Liévin et les services de la mairie de Lens ainsi que l’hôpital de la ville ont été au courant à la mi-journée de vendredi qu’ils avaient recevoir plusieurs milliers de doses pour organiser une opération coup de poing. « Comment faire pour mobiliser du personnel en si peu de temps ? », concède-t-il. « Malgré ces difficultés, ça a été une réussite. Chaque dose de vaccin a été utilisée. En plus de ça, il y a eu un bug informatique sur Doctolib, site où l’on prend les réservations. »

La Préfecture du Pas-de-Calais a annoncé ce vendredi que 14 249 personnes ont reçu une injection ce week-end dans le département. 

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