Horizon : Robert Bréhon, comment fonctionne le Black Friday ? Les consommateurs ont-ils les mêmes droits que lors des soldes ?
Il n’y a pas de droit spécifique pour le Black Friday. Il s’agit d’une opération commerciale comme une autre. Ca n’a rien à voir avec les soldes. Les droits sont donc communs à ceux de tous les jours. Le commerçant ne peut pas raconter n’importe quoi et a une obligation de vérité sur ce qu’il annonce. Quant au consommateur, dès qu’il achète, il s’engage. C’est un acte ferme et définitif. C'est-à-dire que si vous achetez un chemisier rose et, que le lendemain, vous souhaitez aller l’échanger contre un chemisier bleu, le commerçant n’est pas du tout obligé de le faire. A moins qu’il y ait un problème sur le produit et une garantie.
Faut-il craindre les fausses bonnes affaires et les faux gros rabais ?
Les promos se font sur un prix de base. Or, ce prix de base est fixé par le commerçant. Celui-ci a donc tout intérêt à indiquer un prix de base élevé pour que son prix de vente soit fortement remisé à 30, 40, 50% ou plus. Mais cela ne correspond pas à grand-chose. Ce sont des prix gonflés pour pouvoir annoncer des remises importantes qui attirent le consommateur.
Dans ces conditions, le mot d’ordre est-il à la vigilance ?
Il faut avant tout comparer les prix. Ne vous précipitez pas uniquement parce qu’il s’agit du Black Friday. Qui plus est, acheter un produit dont on n’a pas besoin, c’est toujours trop cher même si on l’a payé avec 50% de remise ! (sourire) Certains consommateurs veulent acheter pour acheter et dire d’en profiter. Mais non, il faut fonctionner autrement en quantifiant le rapport qualité-prix. Ceci peut se comparer en regardant ce qu’il se passe chez la concurrence. Et puis, il faut donc se poser cette question avant tout achat : « En ai-je réellement besoin ? »
« Les commerçants ont tout intérêt à faire croire qu’il s’agit d’une opération divine »
Le Black Friday se développe-t-il bien en France ?
Cette mode vient des Etats et s’installe chez nous depuis 2015. Les médias relaient ce moment fort et les commerçants ont tout intérêt à faire croire qu’il s’agit d’une opération divine pour les consommateurs avec des remises exceptionnelles. C’est le jeu entre les vendeurs et les clients. Mais c’est alors au consommateur de faire le tri parmi les offres qu’on lui propose. Ceci dit, il faut bien rappeler que ce ne sont pas des soldes ! Ces derniers sont encadrés par des règles bien spécifiques. Le Black Friday ne tient pas pour sa part sur une définition précise d’un jour précis avec une réglementation précise.
Les commençants développent au maximum ce Black Friday. Mais est-ce que cela prend du côté des consommateurs ?
C’est difficile à quantifier. Ce que l’on peut surtout dire, c’est que les gens ont pris l’habitude de faire leurs achats de Noël de plus en plus tôt. Les commerçants ont bien saisi cette incidence pour embrayer le pas sur cette journée spécifique un bon mois avant Noël pour capitaliser les achats à cette date.
Propos recueillis par Kahina Kanoun
