Créée en avril 2024, l’Unité mobile d’investigation sur les violences conjugales (UMIV) a bouleversé le traitement des dossiers dans le Pas-de-Calais. À son lancement, l’unité découvre plus de 2 200 dossiers en attente, dont certains laissés en suspens depuis 2019. Moins d’un an plus tard, la moitié a déjà été traitée.
Une réponse face à un afflux massif de plaintes
Major Carine Bianucci, cheffe de l’unité, explique la raison d’être du dispositif : « L’UMIV a été créée pour soutenir les commissariats et absorber les procédures les plus anciennes. Depuis le Grenelle des violences conjugales, en 2019, les plaintes ont explosé. Les victimes parlent davantage, l’accueil a été amélioré, les policiers mieux formés. »
Ce phénomène a créé une pression énorme sur les services. À Lens, par exemple, le commissariat reçoit entre 30 et 40 plaintes pour violences conjugales par semaine.
Des missions d’auditions massives
Le fonctionnement de l’UMIV est simple mais redoutablement efficace. L’équipe se déplace dans les commissariats, analyse les stocks de procédures, et sélectionne les dossiers les plus anciens et les plus adaptés à son périmètre — uniquement des affaires délictuelles, hors viols.
Les enquêteurs préparent ensuite une “mission” : « Nous organisons une journée d’auditions massives des mis en cause, avec un magistrat présent qui délivre immédiatement la décision pénale. La réponse est rapide, claire, et les victimes obtiennent enfin un retour », explique la Major. Lors de ces opérations, 80 à 150 dossiers peuvent être traités d’un coup.
Des délais enfin réduits
Les premières procédures traitées dataient de 2019. Un délai “dangereux”, selon Major Bianucci : « Entre-temps, certaines victimes s’étaient remises avec l’auteur, d’autres voyaient la situation s’aggraver. Le temps, c’est ce qu’il y a de plus dangereux pour une victime. » Aujourd’hui, l’UMIV compte six enquêteurs, un agent administratif, et s’appuie aussi sur des réservistes formés spécialement.
Un dispositif unique en France
Avec plus de 750 dossiers traités de mai à décembre 2024, et 25 missions réalisés et 1 000 dossiers traités d’ici fin 2025, l’unité fait ses preuves. « C’est un dispositif unique. Il fonctionne, il est innovant, et nous sommes prêts à aider d’autres départements qui voudraient l’adopter. Mais tous ne sont pas touchés de la même manière. » L’UMIV ne remplace pas les services traditionnels, mais elle apporte un souffle d’efficacité dans un domaine où chaque jour compte.
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