De janvier 2022 à l’été 2023, Pierre Sage a été l’adjoint de l’actuel entraîneur de Rennes, Habib Beye, au Red Star, qui évoluait alors en National. Ensemble, ils ont assuré le maintien du club, alors loin d’être acquis et manqué de peu la montée en Ligue 2 la saison suivante (ce que Beye réalisera un an plus tard), avant que Pierre Sage ne retourne travailler à l’OL.
Les deux hommes ont gardé un souvenir fort de leur collaboration. Pierre Sage estime devoir beaucoup à Habib Beye, qu’il croisera pour la première fois en tant qu’entraîneur adverse dimanche au Roazhon Park : « Alors que j’entraînais les jeunes de Lyon, j’ai reçu un appel de son cabinet d’agents (Classico). Ils m’ont proposé de rejoindre le Red Star et, dans un premier temps, j’ai décliné car j’étais très bien dans ma mission actuelle. Mais j’ai tout de même accepté de le rencontrer. Face à moi, j’ai vu quelqu’un d’ambitieux, clair dans sa façon de jouer, avec beaucoup de valeurs humaines. J’ai donc pu me projeter. C’est quelqu’un qui est ambitieux dans le jeu de son équipe et endurant dans son ambition. Ça peut apparaître comme de l’arrogance, mais c’est juste de l’honnêteté et de la clarté. Quand on affiche son ambition même quand ça ne marche pas, tout le monde pense qu’on se la joue, mais c’est simplement une relation honnête avec les joueurs. »
Aux côtés d’Habib Beye, Pierre Sage gérait le système d’entraînement : « Je transformais ses bonnes idées en situations d’entraînement pour que l’équipe progresse. Lui m’a apporté une posture par rapport aux joueurs, aux médias, dans le principe de défendre ses idées en permanence et d’être endurant à ce sujet. Il s’agissait d’avoir une ligne directrice et de s’y tenir. Il a fait de moi un autre entraîneur. »
Habib Beye : « Nous sommes différents et c’est ce qui a fait la qualité de notre binôme »
En conférence de presse, Habib Beye a commenté de son côté : « Je n’ai que de bonnes choses à dire sur Pierre. Nous avons vécu ensemble une année et demie très intense. On s’est découvert, il m’a complété et beaucoup apporté dans ma structuration. Humainement, Pierre est exceptionnel, très authentique. Sportivement, il s’est construit tout seul, je suis admiratif de son parcours et ce sera un très grand plaisir de le retrouver. Nous sommes différents et c’est ce qui a fait la qualité de notre binôme. La seule chose qui nous a manqué à l’époque, c’est de monter en Ligue 2, un échec d’un rien, à deux points. On s’aime beaucoup. Dimanche, ce ne sera pas Pierre Sage face à Habib Beye, plutôt Lens face à Rennes avec l’objectif de gagner. »
Pierre Sage ne s’attend toutefois pas à des retrouvailles très chaleureuses d’entrée de jeu : « Je pense qu’elles vont être assez distantes avant le coup d’envoi et la proximité de rigueur plutôt après le match. Il m’a expliqué que, quand il était joueur, même son meilleur ami il avait été capable de ne pas le saluer avant le match, je sais à quoi m’en tenir ! (sourire). Il veut être dans sa bulle, ne pas envoyer de mauvais messages à ses joueurs, mais tout le monde sait qu’on s’apprécie. Nos contacts aujourd’hui sont plus amicaux que professionnels. On s’envoie des nouvelles et on se chambre, mais pour le reste, on ne va pas aller nourrir l’adversaire non plus ! On aime tous les deux ce qui est dynamique : le pressing, le jeu porté vers l’avant, construire en étant vertical. Il y a des choses qui se ressemblent. Je sais comment il fonctionne, mais il est capable de changer beaucoup de choses pour me surprendre, ou au contraire d’essayer de me surprendre en faisant comme d’habitude. La stratégie est une forme de préparation, mais la réalité, ça reste ce que les joueurs seront capables de faire. On prépare plusieurs alternatives. »
Propos de Pierre Sage recueillis par Christophe Schaad à la Gaillette-Gervais Martel
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