Il fait partie des joueurs qui sortent du lot depuis le début de la saison. Malang Sarr réalise un début d’exercice de très bonne facture, avec une bonne dose de confiance. Devenu titulaire dans le cœur de la défense de Pierre Sage, le défenseur franco-sénégalais étale son talent.
Lensois.com : Malang Sarr, comment expliquer cette montée en puissance depuis quelques semaines ?
Pour être honnête, je sens que collectivement on est bien. Le fait d’avoir un collectif qui rayonne et qui réussit, ça fait ressortir parfois certaines individualités. Et je pense que, vice versa, le fait que certains joueurs soient en forme en ce début de saison a aussi un bon impact sur l’équipe. On a l’opportunité de voir, pas seulement moi mais plusieurs joueurs du groupe, réaliser un très bon début de saison. Ça favorise les performances collectives et explique pourquoi on est à ce niveau-là actuellement.
On vous a vu évoluer principalement dans deux rôles : dans l’axe de la défense et côté gauche. Lequel préférez-vous ?
Les deux ! Je m’y sens vraiment très bien. J’ai pu y jouer depuis longtemps, et maintenant avec différents coéquipiers. J’ai même évolué à droite, comme la saison dernière. Je suis plutôt à l’aise dans une défense à trois et la position ne me dérange pas. Les deux postes me permettent de montrer mes qualités : à gauche, avec plus de mobilité et de projection ; dans l’axe, où je peux contrôler le tempo défensif et offensif de l’équipe. Depuis derrière, on voit mieux les choses, on peut prévenir en cas de danger et aider les coéquipiers si besoin, tout en étant le fer de lance dans la relance.
Quels repères avez-vous trouvés avec vos nouveaux coéquipiers ?
On a des principes de jeu à respecter en défense. Le coach a des attentes précises. Et comme nos défenseurs sont très intelligents et capables de s’adapter, on a rapidement compris ce qu’il voulait de nous. On connaît les qualités des uns et des autres, et c’est le plus important. Quand on sait ce que le joueur à droite ou à gauche peut faire, comment on peut l’aider et le mettre dans les meilleures dispositions, ça nous rend tous meilleurs. Samson est un joueur très intelligent. Malgré son jeune âge, il est très mature. Pareil pour Matthieu (Udol), qui s’intègre parfaitement.
Que vous demande Pierre Sage ?
Dans la relance, il attend de nous qu’on cherche à jouer, à créer un déséquilibre et à mettre l’adversaire en difficulté. Il insiste aussi beaucoup sur la réflexion : identifier ce que propose l’adversaire, voir comment il s’adapte à ce qu’on fait et chercher les failles à exploiter. Défensivement, c’est une défense plus orientée vers la zone que la saison dernière. L’an passé, c’était davantage du marquage individuel. Cette année, le coach veut absolument qu’on garde nos positions. Il attend qu’on sache identifier les situations dangereuses ou, au contraire, celles où on est plus confortable, et qu’on adapte notre jeu en conséquence. Il nous demande de respecter un cadre tout en utilisant notre intelligence de jeu.
Comment avez-vous vécu cette longue période d’inactivité, entre les blessures et la difficulté à vous imposer à Lens ?
C’est une bonne question. Pour un joueur, ne pas jouer pendant un moment installe forcément des doutes. Ce qui me rend le plus fier aujourd’hui, c’est que je reviens de loin. J’ai eu une période difficile avec des blessures et une année blanche. Quand on arrive à Lens, on veut montrer le joueur qu’on est, celui que tout le monde a connu. Mais retrouver son niveau après un an et demi sans compétition, ça prend du temps. Ce dont je suis fier, c’est d’avoir gardé la même routine même quand je ne jouais pas. Tout le travail que j’ai fourni pendant ce temps-là paye aujourd’hui. Et quand on sent la confiance du coach, de l’équipe et du staff, ça apporte beaucoup.
«J’ai toujours eu du recul sur ce qui se dit sur moi»
Vous n’avez jamais regardé ce qui se disait sur vous sur les réseaux sociaux ?
Si je l’avais fait, je ne pense pas que je serais là aujourd’hui. La plupart du temps, ce n’est pas forcément vrai, et ça peut impacter quelqu’un. Depuis jeune, j’ai toujours eu du recul sur ce qui se dit sur moi, dans les médias ou ailleurs. Même quand il y a des éloges, ça ne m’enflamme pas. Je reste moi-même, car dans le football tout va très vite.
Comment vous oxygénez-vous en dehors du football ?
Mon oxygène, c’est ma vie de famille. C’est ce qui me sort le plus du cadre du football et de tout le bruit autour. J’aime passer du temps avec ma famille. Je suis très proche de ma mère et de mes frères. Et puis j’ai ma femme et ma fille, qui me permettent de souffler et de me relaxer. C’est vraiment mon bol d’air.
«Je n’avais pas besoin de tapes dans le dos»
Parlez-nous de cette transition avec l’arrivée de Pierre Sage. Quels mots a-t-il employés pour vous redonner confiance ?
J’avais besoin de parler rapidement avec lui pour clarifier ma situation. Franchement, chapeau au coach, il a été très honnête et clair, et c’est ce que je recherchais. Je n’avais pas besoin de tapes dans le dos ou de grandes phrases positives. J’avais juste besoin de savoir que si je faisais le travail, si je me donnais à fond chaque jour, j’aurais ma chance. Et il m’a dit que oui, si je répondais aux attentes, il me donnerait des opportunités et, s’il était content de moi, que je pourrais m’installer dans l’équipe. Il a tenu parole. Tout ce qu’il dit, il le met en pratique, pas seulement avec moi mais avec tous les joueurs. Travailler avec quelqu’un comme ça au quotidien, c’est beaucoup plus simple.
Avez-vous l’impression de devoir rattraper le temps perdu ?
Oui et non. Ce que j’ai vécu ces dernières années a été difficile, mais ça m’a forgé comme joueur et comme homme. J’ai grandi grâce à ces moments. Aujourd’hui, ce que je vis est une récompense pour ma patience et mon travail. Les moments où tout va bien sont rares, il faut les savourer et continuer à travailler dur pour que ça dure. Je me sens super bien ici. Et je sais qu’en étant performant, les discussions viendront naturellement. Ma partie à moi, c’est de continuer à bien faire mon travail, car si je ne le fais pas, ça peut tout changer. Donc sans plaisanter, je reste concentré et je travaille dur. On est très bien ici.
À un an de la fin de votre contrat, comment voyez-vous la suite ?
En fin de saison dernière, je me suis posé des questions. Mais ma priorité a toujours été de rester ici. Une fois que j’avais les infos nécessaires du club, j’ai entamé la préparation comme un joueur du RC Lens qui allait rester toute la saison. Mon objectif a toujours été clair : si le club comptait sur moi, je restais. Si ce n’était pas le cas, j’aurais trouvé une autre solution. Mais ça n’a jamais été l’inverse.
Propos recueillis par Eloïse De Mester à la Gaillette-Gervais Martel.
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