L’Agglomération de Béthune-Bruay a inauguré, mardi 24 juin, une usine de décarbonatation à Houdain. Un équipement innovant, unique dans le Pas-de-Calais, qui marque une étape majeure dans la modernisation du réseau d’eau potable.
Un enjeu sanitaire, environnemental et économique
Avec un investissement de plus de 5 millions d’euros, cette usine permet désormais de sécuriser l’alimentation en eau potable de 12 communes, soit 69 000 habitants. (Houdain, Gosnay, Bruay-la-Buissière, Divion, Haillicourt, Houchin, Ruitz, Maisnil-les-Ruitz, Barlin, Fresnicourt-le-Dolmen, Hersin-Coupigny et Noeux-les-mines)
« L’eau qui arrive à nos forages est naturellement calcaire. Le fait de la décarbonater, c’est-à-dire d’en retirer une partie du calcaire, permet de la rendre plus douce. Cela réduit la consommation d’énergie, les dépôts dans les tuyauteries, et même les irritations de la peau ou les cheveux secs », explique Philippe Scaillierez, vice-président de l’agglomération en charge des questions de l'eau potable.
« Un adoucisseur géant »
Le procédé utilisé, la décarbonatation catalytique à la soude, permet de capter les carbonates de calcium, responsables du tartre.
« C’est un adoucisseur géant, mais sans sel », précise Philippe Scaillierez. « On extrait physiquement le calcaire, qu’on transforme en cristaux minéraux réutilisables, par exemple pour des remblais », détaille Stéphane Dassonneville, de Veolia, chargé de la direction technique et de l’innovation. Ce procédé permet de fournir une eau adoucie sans risque sanitaire, tout en respectant l’équilibre calco-carbonique imposé par les normes.
Des bénéfices concrets pour les habitants
Au quotidien, les effets sont rapidement visibles : moins de tartre dans les chauffe-eau, lave-linge, bouilloires, moins de produits ménagers nécessaires, et des économies d’énergie.
« L’adoucissement de l’eau permet d’augmenter l’effet moussant des savons et donc d’en utiliser moins. On réduit aussi la surconsommation liée aux équipements entartrés », confirme Stéphane Dassonneville. « Les habitants n’auront plus besoin d’acheter leur propre adoucisseur, ce sera un vrai gain à long terme », ajoute-t-il.
Une hausse du tarif de l'eau ?
L’usine a été financée grâce à l’harmonisation progressive des tarifs entre les anciennes entités de gestion de l’eau.
« Les habitants qui bénéficient de ce service ont déjà participé à son financement via une surtaxe intégrée dans leur facture ces dernières années », précise Philippe Scaillierez. « À partir de 2026, tous les habitants de l’Agglo paieront le même prix pour l’eau, même s’ils n’ont pas encore ce service. Le but, c’est d’unifier les pratiques avec un service public sans délégataires », poursuit-il.
Vers une généralisation à moyen terme ?
L’usine d’Houdain est pour l’instant un modèle pilote. Son fonctionnement et sa longévité feront l’objet d’un suivi étroit.
« C’est une des rares usine de ce type dans la région. À court terme, d’autres installations ne sont pas prévues, car certaines usines existantes doivent déjà être rénovées. Mais à moyen terme, pourquoi pas », souligne Philippe Scaillierez.
Cette usine s’inscrit dans un plan global d’investissement de 251 millions d’euros sur 10 ans, dédié à l’eau potable et à l’assainissement.
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